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Feignasse et triathlète
1 janvier 2016

Saintélyon 2015

La Saintélyon est une course atypique qui me fascine depuis de nombreuses années. Enivré par les récits et les vidéos des éditions précédentes, j'ai craqué et me suis inscrit cet été. Moi qui n'avait jamais couru plus de 30 bornes, j'ai donc du assumer ce coup de folie le 5 décembre dernier, en me présentant au départ de ce Running Raid Nocturne. Avec déjà dans un coin de la tête l'envie de partager cette aventure sur mon blog.

Affiche

Distance : 72 kilomètres

Dénivelé : Environ 1750 mètres de D+ 

Spécificités :

Depuis 1952, cette grande classique française de la course à pied relie comme son nom l'indique les villes de Saint-Etienne et de Lyon. Son parcours n'évolue que très légèrement au fil des éditions, mais sa composition mi-trail mi-bitume donne de sacrés maux de tête aux concurrents les semaines précédant le départ, les débats sur le type idéal de chaussures enflammant même les forums spécialisés. 

Pour les inconditionnels de l'Ultra, le dénivelé positif cumulé n'a rien d'exceptionnel. Mais grimper au total plus de 1750 mètres, çà équivaut quand même à passer de la plage d'Argelès-sur-mer au centre de la station de ski de Font-Romeu. Une bien belle ascension. Surtout que la majeure partie de cette grimpette se déroule sur la première moitié du parcours dans les inévitables Monts du Lyonnais, à la frontale, la Saintélyon prenant traditionnellement son envol à minuit.

Parcours

La grande inconnue qui rend chaque cuvée unique, c'est la météo. Début décembre dans ce coin-là, le froid, la neige, la pluie, le verglas et la boue s'invitent régulièrement à la fête. Avec en plus une évolution souvent radicale des conditions, de la cuvette stéphanoise à la plaine lyonnaise, en passant par de nombreuses forêts humides et des crêtes exposées au vent. Bref, vous l'avez compris, l'équipement est un élément déterminant quant à la réussite du truc.

La préparation : 

En bonne feignasse qui se respecte, j'ai récupéré un plan d'entrainement sur Internet que je n'ai absolument pas respecté. Je me suis juste inspiré de son contenu pour introduire un peu d'intensité dans mes séances et ne pas me contenter de footings trop monotones. En gros, à partir de septembre, j'ai essayé de rentrer trois sorties hebdomadaires (entre 8 et 12 bornes) durant ma pause déjeuner et je me suis inscrit sur une course le weekend tous les quinze jours. Principalement des trails, autour de Montpellier, en essayant de terminer sur les deux plus costauds, le Mas Dieu (20 km / 427 D+) et Mireval (25 km / 575 D+). J'ai uniquement ajouté à çà deux trajets matinaux maison/boulot de 27 kilomètres début novembre afin d'emmagasiner un peu de caisse et fait très attention à rester tranquille la dernière semaine. Pour faire du jus.

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Une préparation en somme très minimaliste, mais je ne pense pas être capable de plus avec la garde alternée de ma princesse, le travail .... et ma flemme légendaire. Faut que çà reste un plaisir. J'ai aussi mis de côté le vélo, la natation et même le foot pour limiter le risque de blessure. 

N'ayant jamais été performant en course à pied, encore moins sur des parcours escarpés, je n'ai pas été surpris par les piètres chronos réalisés sur mes différents trails cet automne. L'objectif était ailleurs : Acquérir du fond et tester mon matériel. Ce qui m'a par contre franchement inquiété c'est de voir mes soucis intestinaux refaire surface. J'ai ainsi été plusieurs fois malade après avoir franchi la ligne d'arrivée, vomissant même par la fenêtre de la voiture, heureusement conduite par Julie, sur le retour du Mas Dieu.

Les problèmes de bide seraient la principale cause d'abandon sur la Saintélyon. Vu comme je suis fragile de ce côté-là, j'ai mis le paquet pour optimiser l'état du mien le jour J. Profitant de conseils éclairés (Merci Denis et Mathieu), j'ai contrôlé mon alimentation lors du dernier mois de préparation, en prohibant au maximum les aliments gras ou l'alcool. Les jours précédant la course j'ai en plus évité les crudités, les laitages et la viande rouge, tout en bénéficiant d'une cure de charbon (carbosylane) et de Malto. Si on ajoute à tout çà le platrage au Smecta sur les ultimes 24h, ma tuyauterie a bénéficié d'une sacrée attention...

L'équipement :

Avec deux trails nocturnes à mon actif en 2015 (Duo Blanc de l'Aigoual et Tour du Pic Saint-Loup by Night), j'avais déjà une bonne partie de l'équipement :

- Frontale Petzl Tikka +
- Gants, bonnet, collant, sous-couche thermique manches longues et sac Kalenji (Décathlon)
- Couverture de survie 
- Buffs récupérés sur des courses
- Tee-shirt technique manches courtes récupéré sur une course

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Pour compléter tout çà, ma chérie m'a offert une paire de chaussures de trail dignes de ce nom, les Asics Gel Fuji Trabucco 4, pour mon anniversaire...

asics

...et le père Noël est lui passé en avance avec la veste de pluie Uglow de type Gore-Tex. Une bombe (sur toutes les photos de la course ci-dessous). 

J'ai finalisé mon package à la dernière minute chez Décathlon en achetant des bidons, des sous-gants, des chaussettes épaisses et de quoi grignoter sur le parcours (gels, barres, pâtes de fruits).

Le récit :

Arrivés la veille chez mon oncle dans la proche banlieue lyonnaise, nous nous rendons tranquillement sur Lyon avec Julie pour retirer le dossard (qui est en réalité une chasuble). La cité rhodanienne est en alerte pollution et envahie par un épais brouillard. Pas glop. Il est environ 10h30 et la Halle Tony Garnier ouvre ses portes aux visiteurs. Après 10 minutes de queue et une fouille minutieuse (bien compréhensible), nous pénétrons à l'intérieur de cette magnifique enceinte. 

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Nous passons devant l'arche d'arrivée, que je n'ose pas trop affronter du regard, avant de nous engouffrer dans le village des exposants. Il est franchement impressionnant. Beaucoup de marques et d'organisateurs d’événements sont présents. Un bref arrêt au stand Uglow et je récupère mon enveloppe très facilement. Clairement, on est loin du cross de quartier. Le barnum est à la hauteur de la réputation toujours grandissante de cette course. Son sponsor principal, Mizuno, est omniprésent.

Avant de quitter la Halle, nous faisons halte sur deux stands. Celui du Festa Trail, pour saluer nos voisins du Pic Saint-Loup, et celui de PowerBar. Le spécialiste des produits énergétique propose en effet de goûter leurs derniers bonbons fourrés au gel. Jérôme m'avait fait tester un équivalent sur le Duo des Lavagnes et j'avais trouvé que çà passait plutôt bien, moi qui n'aime pas manger en courant. Du coup j'en prends deux paquets. Un à l'orange, l'autre au coca, chargé en caféine et donc pas inutile pour la nuit à venir. 

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Je passe ensuite l'essentiel de la journée assis ou allongé, que ce soit chez des amis dans l'arrière-pays ou chez mon oncle. Les uns comme les autres sont aux petits soins, me concoctant un menu à la carte (pâtes/poulet le midi, riz/thon autour de 19h) et me laissant jouer la patate de canapé. Et c'est ainsi, bien au chaud devant la TV, que je passe une bonne partie de la soirée. Je suis au calme, au chaud, loin, très loin, du Parc-Expo bondé de Saint-Etienne.

22h00. Il est temps de faire une ultime revue du sac et de prendre ma dernière ration de Smecta. Je me mets ensuite en tenue, jette un dernier œil au parcours avant d'embrasser mon oncle et ma tante. Ils somnolent et sont déjà prêts à filer au lit. Je les envie un instant, mais l'excitation prend vite le dessus lorsque nous grimpons en voiture avec Julie et décollons en direction du Forez.

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23h. Nous arrivons sur Saint-Etienne. Aucun souci sur le trajet. J'ai préféré conduire pour éviter de commencer à gamberger. Nous trouvons vite la zone du départ et tournons un moment avant de nous garer. Alors que la ville semble endormie, ce quartier est en ébullition. Après une fouille au corps elle aussi bien légitime, nous pénétrons dans l'enceinte du Parc des expositions. Les halls ont commencé à se vider. De nombreux coureurs se rendent en effet déjà vers la ligne ou cherchent les camions chargés de rapatrier leurs affaires sur Lyon.

23h20. Bien à l'abri dans le hall principal, de plus en plus clairsemé, je remplis mes gourdes, m'enduis les jambes de baume du tigre, passe du NOK (anti-frottements) sur les pieds et les tétons, avant d'enfiler gants, veste et bonnet. J'ai droit à un bon coup de panique lorsque je réalise avoir perdu l'une des deux lanières permettant de serrer le sac de trail (sur le torse). Heureusement, une seule semble suffire à le maintenir correctement.

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23h45. Suivant tranquillement la foule, nous gagnons la longue rue dédiée au départ. Nous sommes complètement à l'arrière du troupeau, mais la légère pente nous permet de distinguer l'arche et le camion des officiels. Le speaker est à bloc. Des barrières dégagent le trottoir pour permettre aux spectateurs et riverains de circuler. Nous nous y glissons avec Julie. Un petit pipi dans un parfait petit recoin verdoyant, et nous nous plaçons au début du dernier tiers des coureurs. Je serre alors bien fort ma belle dans mes bras, la remerciant d'être venue partager ce moment avec moi, puis je me glisse parmis les coureurs, à quelques mètres d'elle.

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00h00. Après un hommage émouvant aux victimes des attentats parisiens, le compte à rebours commence sur les premières notes de "Light my way". Cette chanson de U2, je l'ai écoutée en boucle ces derniers mois. Tous les poils sont dressés. Je suis à la fois excité comme un gosse et super ému. Un dernier baiser à ma Julie, à ses yeux plus qu'humides....et c'est parti. Pffiou...je n'ai pas encore commencé à courir mais je sens mon cardio déjà monter très haut dans les tours. L'émotion. Va falloir calmer tout çà et rentrer dans la course.

En comptant les relayeurs, il doit y avoir plus de 6000 personnes devant moi. Impossible du coup de trottiner avant de passer la ligne. L'inégalable Ludovic Collet continue de transmettre conseils et encouragements au micro. Trop fort le gars. C'est avec un immense plaisir que je lui tape dans la main en passant sous l'arche. Nous basculons immédiatement sur un grand boulevard. Chacun peut alors enfin poser sa foulée. 

Bon...voilà...j'y suis. Je digère vite ce très beau moment du départ et reviens sur terre. Incapable de terminer un tri M cet été, je suis dans le premier kilomètre de la Saintélyon. Va falloir gérer le truc correctement si je veux avoir une chance d'aller au bout. Afin de ne pas être paniqué par la distance globale, j'ai choisi de découper la course en utilisant les tronçons dessinés par les ravitaillements. En me focalisant à chaque fois sur celui que je parcours, avec pour seul objectif de le terminer en bon état. Cela me fait donc au total 6 secteurs comprenant entre 10 et 15 bornes. En se basant sur une moyenne de 2h (pause comprise) par secteur, je pourrais viser, dans l'idéal, une arrivée vers 12h. A suivre...

Secteur 1 : Saint-Etienne - Saint-Christo en Jarez (15,3 km / D+ 419 m)

Peu après le départ, l'ambiance est encore plutôt festive dans le peloton. Ça discute beaucoup. Pas mal de coureurs prennent le temps de satisfaire un besoin naturel lorsque le décor le permet. Nous sommes en ville et de nombreux spectateurs sont là pour voir passer cette longue file de cinglés. Je pars sur un rythme pépère, histoire de chauffer la machine tranquillement. Mais ce qui m'interpelle c'est que j'ai chaud. Trop chaud. Trop tôt. 

J'ai beaucoup échangé avec l'adorable David, d'Endurance Shop, sur la gestion de la chaleur corporelle, essentielle à ses yeux expérimentés. En gros son concept c'est de ne jamais avoir chaud. Pour ne pas se transformer en cocotte minute, se déshydrater en transpirant excessivement et prendre froid en étant trempé sur les crêtes en plein vent. Au fil de la course, je vais ainsi aisément distinguer les initiés, prenant le temps de jouer avec les couches thermiques, des débutants, le visage bien rouge et suant à grosses gouttes. Je décide donc de m'arrêter sur le côté après seulement 10 minutes d'effort, pour retirer les manches de ma veste et ne garder que mes sous-gants aux mains. Je sens tout de suite la différence en repartant. Nickel.

Après 5-6 bornes à trottiner dans Saint-Etienne, les festivités commencent avec la longue montée sur Sorbiers. Nous sommes encore sur du bitume mais la pente est plutôt raide. Je suis dans le dernier quart des coureurs, déjà bien loin des furieux. Tout le monde se met à marcher sur la portion la plus abrupte et çà me va très bien. En mode économie d'énergie, je profite des encouragements distribués par les nombreuses familles venues assister au spectacle.

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Les premiers sentiers font leur apparition vers le 9ème kilomètre. Une bonne partie de la meute s'arrête un moment sur une bosse au-dessus de Sorbiers. Lorsque l'on s'y retourne, la vue est en effet magnifique, avec les lumières de Saint-Etienne dans la vallée et le serpentin de frontale qui vient à nous. Il doit ainsi rester un bon millier de lucioles derrière nous. C'est splendide. Les flashs crépitent pour un festival de selfies bien justifié.

Cette pause sera le dernier moment de décontraction collective de la course. On rentre en effet ensuite dans le dur avec une portion vallonnée qui nous mène vers Saint-Christo via le sommet du Col de la Gache. Le silence commence à régner malgré la densité de coureurs au mètre carré. Nervosité et angoisse sont désormais perceptibles.

J'arrive au premier ravitaillement en 1h54 (5124ème) Je ne suis absolument pas entamé, ce qui est parfait. Beaucoup choisissent de ne pas passer par la grande tente, mais ne luttant pas contre le chrono, je prends le temps d'y refaire les niveaux. Ma stratégie au niveau hydratation est très simple : Boire un peu plus de 500 ml par heure, par petites gorgées. Ne supportant pas d'utiliser les flasques à tuyaux, j'ai opté pour deux gourdes en "façade". Je suis parti avec uniquement de l'eau dans l'une, et un mélange eau/malto dans l'autre. Nothing else.

J'ai conservé l'essentiel du malto pour la suite et pratiquement vidé la flotte pure sur ce tronçon initial. Si la température est très clémente pour la saison, demeurant positive jusque là, elle refroidit tout de même très vite les liquides. Et comme il n'y a rien de pire pour les intestins que de boire trop froid, je fais mettre un fond de thé chaud dans mon bidon, complété par de l'eau.

La tente est logiquement bondée et l'accès aux tables un peu compliqué. Beaucoup s'en plaignent, mais je ne vois pas comment les organisateurs pourraient éviter çà. Je reprends calmement mon chemin en mastiquant une barre au chocolat Overstim tirée du sac.

Secteur 2 : Saint-Christo en Jarez - Sainte-Catherine (12,5 km / D+ 302 m)

Après une portion tranquille en sortie de village, deux belles grimpettes nous mènent sur les premières crêtes du parcours. Le peloton s'est complètement disloqué et c'est par petits groupes que nous progressons maintenant. J'adopte face au vent glacial une tactique, peu honorable, mais diablement efficace, en me positionnant de manière à être protégé par d'autres coureurs. Je joue également avec la fermeture éclair de ma veste pour ventiler ou calfeutrer selon le besoin.

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Ce qui est dingue sur cette Saintélyon, c'est que l'on trouve à de maintes reprises des groupes de spectateurs et de supporters en plein milieu de nulle part, utilisant des cloches à vaches ou d'autres accessoires surprenants pour mettre de l'ambiance. Ils sont réchauffés par de superbes feux de joie et par les mystérieux breuvages contenus dans leurs bouteilles. Leur présence est un vrai bonheur.

J'ai toutefois un premier coup de pompe peu après 3h du matin, alors que je viens de passer le panneau indiquant "Arrivée 50 kilomètres". Le physique va bien mais je crois que mon organisme ne comprend pas trop ce que je suis en train de faire à cette heure-ci. J'ai prévu deux "palliatifs" pour booster mon petit cerveau si nécessaire. Je sors donc le premier, mon iPod. 

La musique me fait du bien et me permet d'aborder sereinement la descente piégeuse qui mène à Sainte-Catherine. Nous sommes en pleine forêt, sur un sentier jonché de feuilles mortes. Du coup, de nombreuses pierres ou racines sont sadiquement camouflées et les chutes sont légions. J'en prends une très jolie d'un point de vue artistique, mais sans gravité, en me prenant les pieds dans le tapis. De nombreux gars ont malheureusement moins de chance que moi et doivent mettre le clignotant pour récupérer sur le bas-côté...

Les organismes fragiles (ou mal préparés) semblent également morfler à l'approche du second ravito. Je double ainsi quelques coureurs qui marchent emmitouflés dans leur couverture de survie, tentant de regagner péniblement la civilisation. Mon plâtrage au Smecta et ma préparation semblent pour l'instant porter leurs fruits. Mon ventre se porte à merveille. Ce n'est visiblement pas le cas du gars qui vomit bruyamment à grands jets juste devant moi, à 300 mètres seulement de la tente. Ça remue un peu...

Le ravitaillement de Sainte-Catherine est aussi le départ de la SaintExpress (44 km), donné plus tôt dans la nuit. Cela explique la présence d'un speaker et d'une belle animation musicale pour nous accueillir. J'en suis à 3h54 de course et je n'ai parcouru que 27,8 kilomètres. Je suis 5224ème. Je pense avoir perdu une centaine de places en prenant le temps de m'arrêter sur Saint-Christo. Peu importe.

Parcouru : 27,8 km

Secteur 3 : Sainte-Catherine - Saint-Genou (12,2 km / D+ 389 m) - Total :

Je suis pile poil dans mon contrat de 2h par secteur, avec une avance confortable sur la barrière horaire (6h), lorsque je pénètre dans cette immense tente. Elle est bondée. L'ambiance y est nerveuse et bruyante. Ça me donne le tournis. Je trouve une place sur un banc au fond et m'y installe. Je suis KO et je commets l'erreur de rester sans bouger un trop long moment, à bloquer sur le spectacle qui m'entoure. Quelques râleurs s'en donnent à cœur joie devant des bénévoles en rupture de pas mal de choses (sodas,  gâteaux, ...) et de nombreux coureurs sont assis, le regard hagard, comme vidés.

Alors que je suis entouré de centaines de personnes, je me sens étrangement seul et perdu. On m'a souvent expliqué qu'il était primordial de s'initier à plusieurs sur ce genre de formats longs, pour se soutenir moralement au fil des écueils. Je partage désormais cette idée...

Je reste ainsi bêtement à comater un gros quart d'heure. Voire plus. Forcément, en restant immobile, j'ai froid. Pas mal de gars autour de moi jettent l'éponge et la tente commence à sérieusement se vider. Un bref moment de lucidité me permet heureusement de me faire violence. Je n'ai pas fait tout çà pour bâcher à Sainte-Catherine ! Je m'y remets !

Il est primordial de retrouver un minimum de confort avant de retourner dans la nuit. La portion qui suit est la plus difficile du parcours. J'avais embarqué une sous-couche de rechange et il est temps de la mettre. La sensation du sec sur la peau est une bénédiction. Je vire également le tee-shirt manches courtes qui est trempé. Juste la sous-couche thermique et la veste. Un gars du stand Petzl, qui remplace royalement les piles usagées des frontales, m'aide à refixer les manches de ma belle Uglow. Le temps de repositionner le sac et je suis paré. Reste plus qu'à faire le plein.

Une bénévole me verse alors comme prévu un peu de thé chaud et de l'eau dans mes deux gourdes. Je cherche un truc sucré à avaler, mais le peu qui reste ne me fait pas envie. Je croque dans un gâteau avant de le recracher. Ça ne passe pas. Je commence même à être un peu brassé. Il faut vite que je reprenne la route.

Je sors donc du ravito en rallumant ma frontale, suivant un petit groupe. Nous passons devant des toilettes sèches peu ragoutantes. Heureusement, avec ce que je me suis mis comme Smecta dans le bide, je suis encore tranquille de ce côté-là. Nous longeons ensuite une sinistre file de bus où sont entassés les relayeurs et les abandons, qui attendent bien au chaud d'être convoyés vers Lyon. Les regards se croisent à travers les vitres. Avec un certain malaise.

Nous traversons très vite le village endormi de Sainte-Catherine pour attaquer un sentier bien escarpé qui déboîte d'entrée de jeu. A partir de là, on a droit à environ 6 bornes de grimpette (Brèle Fer et Grand Mont) avec des passages peu abrités où çà caille sévère. Et comme j'ai de moins en moins de compagnons pour m'abriter...c'est dur. Mon iPod me joue le spectacle de Gaspard Proust, mais même ses meilleures vannes ont du mal à me faire sourire.

Une petite descente me permet ensuite de me réchauffer avant d'attaquer la fameuse montée vers le Signal de Saint-André. Dès que la pente commence à s'élever, je suis largué par mon petit groupe. C'est donc seul, que je bataille pour avancer. Si je dépasse de temps en temps quelques personnes à l'arrêt, je me fais régulièrement doubler sans parvenir à m'accrocher. Je suis comme scotché. Je n'avance plus. Je me rends à l'évidence, après environ 35 bornes, je suis dans mon MUR.

Je manque d'énergie. C'est indéniable. J'arrive à boire sans soucis, mais rien de ce que j'ai embarqué comme solide ne me fait envie. J'ai alors un flash et me rappelle les bonbons Powerbar achetés lors du retrait des dossards. Je tente le coup et vide les sachets dans une poche accessible. Miracle, çà passe très bien. Je m'en enfile alors une dizaine à la chaîne et l'effet (certainement autant psychologique que physiologique) est immédiat.

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Ce qui achève de me remettre sur de bons rails, c'est l'utilisation de mon deuxième "palliatif". J'avais éteint mon téléphone portable en début de soirée avant de le glisser dans la poche aimantée de ma veste. C'est le moment de le sortir, puisque je grimpe en marchant, et de l'allumer. Il se met alors à clignoter comme un sapin de Noël et je me délecte des messages d'encouragement qui apparaissent les uns après les autres. Trop bons !  J'ai la pêche :)

La très belle vue des lumières de Lyon à l'approche du sommet donne elle aussi du baume au cœur, tout comme les furieux du Trail des Coursières et leurs chaleureuses acclamations. Encore au top les gars, à plus de 5h du matin ! Je papote sur la fin de la montée avec un coureur super sympa qui n'en est pas à sa première Saintélyon. Nous sommes ravis tous les deux d'arriver enfin sur le toit de la course (930 m d'altitude), même si à un peu plus de 35 bornes, nous n'en sommes pas encore kilométriquement à la moitié.

Deux traileurs en souffrance me prennent alors pour un dingo quand je leur dis que le plus dur est derrière nous. Mais c'est un fait : je suis persuadé à cet instant, même si je manque bien entendu de lucidité, que rien ne m'empêchera d'aller au bout. Je suis comme shooté, sur un nuage, lorsque je reçois un SMS de mon oncle. Il s'inquiète visiblement pour moi, dans son lit, à 5h17. Adorable. Je le rassure et lui explique que je pense être vers 9h à Soucieu.

Le ciel est magnifique cette nuit. Je sais que j'ai beaucoup de chance pour ma première participation. Avec la pluie ou la neige, je n'ose imaginer la galère. Nous entamons la descente dans une portion dégagée avant de pénétrer dans ce que je crois être le Bois des Marches. Des banderoles sympas me font sourire quand une scène surréaliste m'interpelle. Quelqu'un a aménagé dans la forêt, juste à côté du chemin, un espace de repos avec un bon gros feu. Il me semble même qu'il sert à boire à ceux qui s'y arrêtent. Le grand luxe.

Souhaitant profiter au maximum de la phase euphorique dans laquelle je suis entré, je préfère continuer. C'est comme un bolide que j'engloutie ainsi les trois bons kilomètres de descente technique et boueuse. J'adore cet exercice et je double des dizaines de coureurs englués. Les jambes répondent bien et mes Trabucco accrochent parfaitement. Nickel.

Je rentre dans le petit ravitaillement de Saint-Genou après 6h33 de course (5282ème). Entre le temps perdu à zoner sur Sainte-Catherine et mon gros coup de moins bien sur les précédentes montées, je pensais être encore plus loin au classement. Ma descente a semble t'il un peu compensé le truc.

Parcouru : 40 km

Secteur 4 : Saint-Genou - Soucieu en Jarrest (11,2 km / D+ 209 m)

On m'avait prévenu, Saint-Genou c'est le mouroir de la course. Une grande partie de la tente est en effet réservée aux blessés et aux soins prodigués par les secours. Les chutes ont visiblement été légion sur la partie technique. Le confort est pour le reste plutôt sommaire. Ne voulant pas renouveler l'expérience de Sainte-Catherine, je décide de ne pas m'attarder. Je parviens difficilement à trouver l'espace suffisant pour m’asseoir sur le sol et me déchausser. Mes pieds ont tapé dans la descente et j'ai plusieurs ongles en sang. C'est depuis très douloureux sur chaque appui, mais j'ai une seconde paire de chaussettes dans le sac que j'enfile sur la première pour atténuer tout çà.

Une fois rechaussé je m'approche des tables pour que l'on remplisse mes gourdes. Ayant oublié d'éteindre ma frontale, je fais hurler le jeune bénévole en face de moi. Je ne dois pas être le premier boulet à lui en mettre plein les mirettes comme çà :)

Je ressors assez vite et reprends mon chemin. Un coup d’œil vers la zone de remplissage des flasques ne me fait pas regretter le choix des gourdes. Il y a la queue. Les gars sont en panique car le débit est à priori tout pourri.

Nous re-goutons alors au bitumes pour quelques belles bosses, courtes mais savoureuses. Ce 4ème secteur ne paie pas de mine sur la carte mais il est tout de même bien corsé en terme de dénivelé. Un Casimir illuminé nous accueille sur la traversée d'un joli hameau (Le Richoud me semble t'il). Je me sens bien, courant correctement sur le plat et en descente. Tout nickel. Je réalise par contre assez vite que le bénévole que j'ai aveuglé s'est (involontairement) vengé en mélangeant de l'eau gazeuse avec le thé dans mes gourdes. Le résultat est franchement abject...mais fera l'affaire.

C'est autour de 7h30 et du 45ème kilomètre de cette Saintélyon, alors que le jour commence à se lever, que mon genou gauche me lâche. Ma rotule déglinguée m'avait épargné depuis le printemps, mais elle n'a visiblement pas apprécié d'être tant sollicitée cette nuit. Le retour sur l'asphalte semble lui être fatal. La douleur ne m'empêche toutefois pas de continuer sur mon maigre tempo, et n'est finalement insupportable que sur le plat.

Je suis prêt mentalement à serrer les dents sur presque 30 bornes, mais j'envoie quand même un SMS à Julie pour qu'elle embarque avec elle mes semelles et ma paire de Mizuno "Route". Ma belle, mon oncle et ma tante ont en effet prévu de passer me voir sur la prochaine halte, du côté de Soucieu. Le lever de soleil, illuminant la plaine lyonnaise, est splendide. Un vrai régal qui vaut à lui seul d'être encore en course.

Après avoir sympathisé et bien discuté avec un gars sur la grosse grimpette du tronçon, je me lâche un peu dans les descentes en sous-bois humides. Sur l'une d'elles (certainement le Bois Bouchat), je dépasse une petite bande en difficulté de laquelle dépassent les oreilles des Lapins Runners. Emir ne semble pas très bien mais Carole répond gentiment à mes encouragements. Je lirai plus tard que le lapin avait les pieds en feu. Dur dur...

Chaque grosse montée est l'occasion pour moi de m'alimenter (boisson / bonbons) et de jeter un œil à mon téléphone. Il y a du monde devant l'excellent suivi live de la course. Les nombreux SMS reçus me font un bien pas possible. Je ne suis finalement pas seul du tout.

J'arrive au ravitaillement de Soucieu après 8h20 d'effort. Je suis 4973ème. Plus de 300 places de gagnées sur ce 4ème secteur...dont certainement beaucoup de coureurs qui ne sont pas repartis de Saint-Genou.

Parcouru : 51,2 km

Secteur 5 : Soucieu en Jarrest - Chaponost (10,1 km / D+ 190 m)

Comme pour marquer le retour à la civilisation, le ravitaillement est placé dans un grand gymnase. Plus de tente. Il y a beaucoup d'espace du coup et je suis surpris d'y trouver pas mal de relayeurs encore en course. Je fais juste le plein de liquide en échangeant mon thé gazeux contre de l'eau. J'ai hâte de retrouver des visages connus et je file donc rapidement, un SMS de Julie m'indiquant qu'ils sont dans les parages.

 

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Effectivement, une bonne cinquantaine de mètres plus loin, ils m'attendent tous les trois dans un virage. Trop bien de voir ma belle, mon oncle et ma tante. Je leur donne des nouvelles sur mon état, qu'ils trouvent étonnamment frais, et change donc de chaussures (et semelles). J'en profite aussi pour me délester de quelques trucs comme ma tenue sale, histoire de finir plus léger. Ces retrouvailles sont courtes, car j'ai peur de ne plus pouvoir décoller, mais franchement top. Je les ai sentis émus par mon aventure et çà m'a touché.

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Ce 5ème tronçon, pourtant le plus court et le moins bosselé, m’apparaît interminable. Il faut dire que je n'ai plus beaucoup d'essence et que le moteur commence à être bien grippé. Le changement de godasses n'a pas d'effet miraculeux puisque le mal est déjà fait. Mon genou me lance de plus en plus et m'oblige à courir comme un centenaire sur le plat. Et pour arranger le tout, sur une partie bien boueuse en forêt où j'essaie d'envoyer un peu, mon pied droit se dérobe et je me vautre comme une grosse m.... ! La grande classe. Ça a le mérite de me faire sourire...

La zone du Garon et sa traversée sur un joli petit pont sont mes seuls souvenirs vraiment agréables du secteur. Avec les dix minutes parcourues à côté de mon troisième "copain" de course, un quadra lyonnais bouclant l'épreuve pour la deuxième fois. On a bien rigolé en croisant les joggeurs en fluo du dimanche matin avec nos mines déterrées et nos tenues boueuses.

Parce que c'est effectivement la nouveauté perceptible du moment : La matinée est bien avancée et il y a de la vie dans les zones que nous traversons. Beaucoup de cyclistes ou promeneurs s'arrêtent ainsi régulièrement pour nous glisser quelques mots sympas et nous renseigner sur le terrain à venir. Les supporters, et notamment les enfants de coureurs, sont de plus en plus présents, avec de belles banderoles personnalisées.

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Il y a deux bons kilomètres entre les premières maisons de Chaponost et la salle dédiée à l'ultime ravitaillement. Trop long. Seule Julie était censée m'y retrouver, mais j'ai la belle surprise de voir mon Oncle m'attendre à 500 mètres de l'entrée. Il trottine alors avec moi jusqu'à ma belle et ma tante. Un vrai plaisir partagé. Je sens bien qu'il n'en faudrait pas beaucoup plus pour qu'il rechausse les runnings et participe à nouveau à ce genre d’événements.

Je dis cette fois au-revoir et merci pour de bon à nos hôtes du weekend-end. Ils ont un impératif en fin de matinée et doivent vite filer. Un baiser à ma chérie et je rentre dans le ravito. J'en suis à 10h04 de course et suis pointé 4779ème. 200 places de gagnées, certainement sur mon arrêt éclair à Soucieu.

Parcouru : 61,3 km

Secteur 6 : Chaponost - Lyon (10,8 km / D+ 232 m)

Un jeune bénévole me fait bien rire sur le ravitaillement. Alors que je m'approche de la table, il me demande en effet d'où je viens et s'étonne de la distance parcourue. Il a voulu aider mais ne semble rien connaitre de la Saintélyon. Histoire de fêter cette dernière halte, je lui demande de me remplir une gourde de coca. C'est alors que je réalise, en le voyant faire, que l'organisation a opté pour du Pepsi Max sur l'ensemble du parcours. Un choix curieux (sur lequel Extra Sport fera son mea culpa) de donner de l'aspartame à des sportifs en mal de sucre...

La sortie de cette grande salle débouche sur le très joli parc du Boulard. L'entame de cette portion est donc bien sympathique et bucolique, avant de basculer sur une humide ballade le long d'un étang, puis d'un ruisseau. Le tout ponctué par un joli coup de cul sur lequel j'écoute un touchant message d'encouragement de ma petite Manon. Mon dieu que c'est bon...

Une partie plus agréable et ensoleillée nous emmène ensuite vers le secteur de Beaunant. Je distingue au loin les quartiers Est d'Oullins où j'ai passé beaucoup de temps dans mon enfance. Nous n'empruntons que des faux-plats sur lesquels on peut courir sans soucis. J'aime bien ce coin de campagne en bord de ville. Il doit y faire bon vivre. Mais trop concentré sur le paysage, je zappe le balisage de la course et file tout droit sur une intersection. Heureusement qu'il y a un coureur 20 mètres derrière moi pour m’interpeller et me remettre sur le bon chemin. Quel caramel je peux être des fois...

Arrive alors la célèbre montée de l'Aqueduc. Un raidillon de plusieurs centaines de mètres et une pente à plus de 16%. Avec 65 bornes dans les jambes, on a tout simplement envie de pleurer lorsqu'on se retrouve au pied du truc. J'y perds ce qu'il me restait de lucidité et prends un stupide coup de chaud en ayant la flemme de retirer ma veste. Je monte alors au ralenti, luttant et grognant sur chaque pas. J'arrive en haut complètement cuit, au propre comme au figuré.

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C'est là que les (gentils) organisateurs nous ont réservé une cruelle surprise. Plutôt que de nous faire basculer sur les quais, ils nous font redescendre dans la partie basse du parc de Sainte-Foy, sous l'accrobranche, et bien entendu remonter encore sur un nouveau casse-pattes, certes plus court, mais terrible. Malgré les encouragements de ceux qui me doublent, je suis dans le dur. Plus de gasoil. La panne sèche. Je m'étais fixé le challenge de terminer sous les 12h en quittant Chaponost, mais je pense devoir y renoncer.

Je croyais être physiquement HS, mais la descente des fameux escaliers de la Mulatière va me faire relativiser. Car si mon genou et mes quadris me font sérieusement couiner, je peux progresser en trottinant, ce qui est loin d'être le cas de tout le monde. Les 200 marches qui mènent au bord de la Saône ont en effet des allures de cour des miracles. Les différentes techniques utilisées par les coureurs présents, de la marche arrière aux pas chassés accroché à la rambarde, sont saisissantes. Les organismes sont touchés. Et les têtes aussi comme en témoignent les râles et les cris qui résonnent sur le béton. 

C'est peu après, en longeant le fleuve que je suis submergé par l'émotion. Honnêtement, je ne pensais pas arriver jusque là avec mon petit niveau de traileur en carton. Un peu pudique concernant mes émotions, je suis content que çà vienne à cet endroit, à l'abri des regards. Un "Putain, je l'ai fait !" sort droit de mes tripes. J'ai tout à coup des frissons et les yeux bien humides.

Je remballe cependant mes larmes pour me concentrer sur la fin du parcours. Un petit escalier métallique nous permet d'accéder à la route qui enjambe le fleuve. J'y suis témoin d'une jolie scène, puisque deux concurrents portent leur pote, incapable de monter, en lui promettant qu'il ira au bout du truc. Magnifique.

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Le final nous fait longer l'autoroute au niveau du musée de Confluences avant de traverser le Rhône par le très joli pont Raymond Barre, réservé aux tramways et aux piétons. Il fait super bon et de nombreux spectateurs y sont massés, profitant des bancs ensoleillés pour guetter leurs proches ou simplement regarder les fadas en terminer avec leur périple.

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Un dernier virage au milieu d'une foule joyeuse et je rentre dans l'enceinte de la Halle Tony Garnier. Un corridor de barrières d'une centaine de mètres interdit au public (et réservé aux photographes) nous offre trente secondes de calme avant de pénétrer dans la salle principale. Ludo Collet, la voie du trail, est encore à fond. Comme pour boucler la boucle, la sono joue "Light my way" de U2 quand je passe sous l'arche.

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Je repère immédiatement ma belle derrière des panneaux et je file l'embrasser. Trop bien. Elle m'annonce que j'ai franchi la ligne en 11h57. Ma 4742ème place est anecdotique. J'ai du mal à réaliser que c'est fini. Bien sur je suis conscient que ma performance chronométrique est très moyenne (pour rester positif), mais l'essentiel est ailleurs : J'ai terminé ma première course "longue" et j'y ai surtout pris un plaisir dingue.

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Parcouru : 72,1 km

Le précieux tee-shirt finisher récupéré, je me pose un moment au ravito final. Julie me fait alors passer du citrate de bétaïne, mais c'est trop tard, mon système digestif s'est relâché et je ne suis pas bien. Franchement, je n'en veux pas du tout à mon bide, qui a tenu le coup pendant presque 12h sans broncher. Et après dix bonnes minutes pas super confortables, mes intestins se vident enfin par le haut pour me remettre d'aplomb. "Vomir c'est repartir" disent les fêtards, mais moi, je vais me contenter de ces 72 bornes ;)

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Après une bonne douche bien chaude, je retrouve ma chérie dans la Halle. Beaucoup de coureurs sont assis, en famille ou en solo, pour se reposer un peu. Nous les imitons et nous installons dos au mur, face à l'écran géant, sur lequel j'ai juste le temps de voir la remise des prix et l'arrivée des Lapins Runners, avant de m'endormir, la tête sur mon sac.

Julie me laisse gentiment dormir un peu, avant que je sois pour de bon décidé à filer. Nous marchons jusqu'à la voiture et c'est un sacré plaisir que de retrouver le soleil. J'ai vraiment été gâté par la météo pour cette première Saintélyon. Je ne serais surement pas arrivé jusque là avec de la neige et de la pluie. C'est donc des étoiles et des souvenirs plein la tête que je somnole tout le long du trajet retour, avec une halte au McDo qui confirmera un net regain de forme au niveau intestinal. J'ai perdu environ 2,5 kilos sur la course (essentiellement de l'eau), il faut bien commencer à les reprendre !

Cette Saintélyon a été une véritable aventure, comme en témoigne ce long récit non exhaustif. En presque 12h, on vit beaucoup de choses et on passe par tous les états. Même si j'ai souvent tendance à m'emballer à chaud, j'ai gravement accroché avec ce format de course, où la gestion (morale et physique) est primordiale. Je trouve çà bien plus intéressant que des épreuves courtes disputées à bloc de bout en bout. Et j'ai très envie d'y goûter à nouveau...

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La course de nuit ne m'a pas posé de gros problèmes. Même si j'ai eu un bon coup de mou autour de Sainte-Catherine, je n'ai jamais senti le besoin de sommeil. L'excitation et l'adrénaline m'ont porté. J'ai souvent entendu que la Saintélyon était idéale pour basculer vers les "longues distances". Je suis d'accord si l'on est physiologiquement capable de partir à minuit et si les conditions climatiques sont clémentes comme cela a été le cas pour moi.

Je ne peux que terminer en remerciant chaleureusement tous ceux qui m'ont soutenu avant et pendant l'épreuve, avec une mention spéciale pour John, qui n'a pas du beaucoup dormir... Merci mille fois à Didier et Mylène (mon oncle et ma tante) pour l'hébergement et leurs encouragements. Et de gros gros bisous à ma chérie, qui m'a supporté (dans tous les sens du terme) avant, pendant et après le truc. Ça a été un vrai bonheur de partager çà avec toi :)

STL

La vidéo officielle :


Saintélyon 2015 par Rhone-Alpes

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Commentaires
W
Coucou Bruno !<br /> <br /> C'est gentil d'être passé par là :)<br /> <br /> La fréquentation massive du blog ces dernières semaines montre bien que la saison de tri approche...<br /> <br /> Merci pour tes encouragements. Beaucoup de gestion et de récupération tout au long de cette course pour moi....donc rien à voir avec un triathlon ;)<br /> <br /> Je vais déjà tâcher de boucler un M correctement avant de songer au L !!<br /> <br /> Bon courage à toi pour tes objectifs....en espérant te croiser.<br /> <br /> Benjamin<br /> <br /> PS : Pour l'alimentation....je bosse dessus....mais çà a été très positif sur cette Saintelyon !
B
Alors là!!!<br /> <br /> j'suis bluffé d'une tu caches bien ton jeu et deux mais tu te sous estimes grave!<br /> <br /> Parce que pour une soit disant "feignasse" tu as fais quelque chose d'extra ordinaire.<br /> <br /> Je suis super impressionné. je venais par hasard (debut de saison oblige) jeter un oeil sur ton blog et là! Ce recit est vraiment beau tu m'as fait vraiment ressentir tes emotions c'est génial. Je veux le faire du coup ^^<br /> <br /> <br /> <br /> il y a une 2e chose : comment peux tu etre aussi laxiste sur ton alimentation alors que tu pointes le probleme depuis longtemps maintenant? Tu le sais que tu as des soucis à ce niveau mais malgres cela on a l'impression que tu prend "ce qui traine" "sucré" "ce qui passe" ... et ça avant pendant et apres.<br /> <br /> Sincereemnt il faut que tu t'etablisses un plan alimentaire pour eviter tout ça le jour J!<br /> <br /> <br /> <br /> Bon et puis tu ne peux plus dire que les tri longue distance sont hors de porté apres avoir couru 12H de nuit ste plait donc on se retrouve au L du salagou ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Et si tu veux en discuter de l'alim' j'ai etabli pas mal de truc pour moi aussi qui suis assez sensible sur le sujet ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Tchao et bravo<br /> <br /> Bruno
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Feignasse et triathlète
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