Back to the Salagou, un an après une première participation à un format olympique qui m'avait laissé dans la bouche un goût d'inachevé...et de vomi. Mais s'il était impératif pour moi de venir prendre ma revanche sur la distance, les conditions étaient à nouveau réunies cette année pour que je vive un calvaire.
Les distances : 1200 mètres de natation, 40 kilomètres de vélo et 9 bornes de course à pied.
Le compte-rendu :
Inscrit depuis belle lurette pour disputer l'épreuve M, je comptais sur l'affutage hérité de l'Hérault Trail et la dynamique du triathlon d'Argelès, disputé le week-end dernier, pour franchir la ligne d'arrivée dans de bonnes conditions. Le hic, c'est que mon patron m'a envoyé travailler toute la semaine sur le site de notre fillilale aux Etats-Unis, au sud de New-York. Un vrai plaisir pour moi, qui me contraignait à sagement renoncer au Salagou avec un atterrissage sur Fréjorgues à 24h du départ de la course.
Mais bon...les lecteurs les plus assidus de ce blog commencent à nous connaitre moi et ma tête de bûche. De retour sur ma terre héraultaise, je n'avais aucune envie de déclarer forfait. Et arriva ce qui devait arriver : En me levant ce matin j'étais bien décidé à tenter le truc, complètement dévarié par le décalage horaire et défoncé par mon séjour chez l'Oncle Sam.
Ce 11 juin 2016, je charge donc bien mon vélo, ma combi et tout mon bazar de triathlon dans la voiture. Il est 14h et je file déposer ma princesse Manon chez sa mamie, sur le chemin. J'ai prévu de revenir y dormir après la course, puisque nous partons aux aurores le lendemain matin, pour passer deux jours tous les trois à Port Aventura. Je sais, je suis un grand malade.
Julie n'est pas du voyage. Elle a ses filles et les garde logiquement au frais. J'apprécie que ma belle n'ait pas trop cherché à me freiner. Elle sait comment je fonctionne et que j'ai besoin de la sentir derrière moi, même dans mes coups de folie. Idem pour ma mère qui préfère en rigoler quand je lui laisse mon trésor pour prendre la direction des hauts cantons.
15h45. Mon arrivée sur le site est l'occasion d'un bon coup de stress. Le coin est bondé, l'épreuve XS est en cours et la circulation se trouve complètement bloquée aux abords des parkings. Le problème c'est que le chrono tourne et que le parc à vélo est censé fermer à 16h ! C'est donc en catastrophe que je trouve une place, tout en haut d'un champ, à un bon kilomètre du lieu de départ.
Affolé à l'idée d'être bêtement refoulé par les organisateur à cause de mon arrivée tardive, je cours comme un malade en poussant mon vélo pour gagner le village-expo. C'est une vraie fourmillière. Encore plus impressionnante que l'an passé. Au milieu des food-trucks et des exposants, je peine à trouver la zone de retrait des dossards. Je dégouline de sueur, mais comprends vite que les délais vont indéniablement devoir être rallongés. Nous sommes en effet encore nombreux à faire la queue.
16h15. C'est donc rassuré, mais un peu chamboulé que je récupère mon enveloppe et prends la direction du PAV. J'en oublie de retirer les traditionnels cadeaux du MAT, la bouteille de vin et le tee-shirt. Pas grave. Je colle à l'arrache l'autocollant sur ma tige de selle, coiffe mon casque, clippe maladroitement le dossard sur ma ceinture et me présente à une tatoueuse en chef.
Marqué pour de bon, je pénètre dans le parc. Avec toutes ces émotions j'ai la tête qui tourne. La fatigue se fait déjà sentir. Ca promet. Les organisateurs ont fait un truc sympa sur l'attribution des emplacement: Ils ont groupé les coureurs par clubs. Je me retrouve donc entouré de collègues du VO2. C'est chouette. Ca papote et je fais rire tout le monde avec mon histoire de Jet Lag.
Certains sont tendus à cause de la météo. Pas en raison de la chaleur, partie pour être bien moins suffoquante que l'an dernier, mais au sujet du vent et des remous qu'il provoque dans le lac. Je suis sur place depuis maintenant 45 bonnes minutes, et je n'ai même pas jeté un oeil vers le plan d'eau. Il n'est pas de toute façon correctement visible depuis notre position. Je verrai donc çà plus tard. Chaque chose en son temps.
16h45. Les organisateurs demandent aux retardataires, comme moi, de migrer vers la plage. Mon emplacement est fin prêt. J'ai mis beaucoup d'eau à disposition, en espérant qu'elle ne chauffe pas trop au soleil. C'est la combi sur l'épaule que je sors du PAV. Une petite halte technique et me voilà sur le rivage.
16h55. Le départ sera donné avec du retard. C'est officiel. Ca me permet d'enfiler tranquillement mon costume de néoprène au milieu de la foule et de rentrer à mon rythme dans l'eau. Pas de souci de température. Elle est très bonne. J'ai perdu la troupe du VO2 mais comprends désormais les inquiétudes de certains. Le lac est démonté. Le vent souffle allégrement, créant de belles vagues et des courant impressionnants, notamment à proximité des bouées. J'entends vite que certains lâchent l'affaire pour éviter de vivre une galère.
Il doit être approximativement 17h15 lorsque le briefing est donné. Après les traditionnels mots de l'arbitre principal concernant l'interdiction du drafting et les autres règles en vigueur, il est demandé aux licenciés de se positionner à l'avant de la meute. Un peu curieux comme choix. Je suis bien placé pour confirmer qu'avoir une licence ne signifie pas forcément être une fusée :)
Le temps de faire coucou au drone et c'est parti pour 1200 mètres ! La horde sauvage se met en route. Je suis en plein milieu du paquet, décidé à prendre mon temps aujourd'hui. Comme d'habitude j'attends le dernier moment, lorsque le niveau de l'eau atteint mon torse, pour me mettre à l'horizontale. Je m'en fiche royalement de marcher dans la vase si çà peut me faire économiser 50 mètres de nage !
Nous sortons très vite de la zone protégée du rivage pour nous retrouver....en pleine mer. Un truc assez dingue. On se croirait en effet sur un triathlon côtier, le goût du sel en moins. Le plan d'eau est déchainé et il ne faut pas craindre les remous. Personnellement çà m'amuse plus qu'autre chose d'en prendre plein la figure. Et bien là je suis servi... A presque 700 dans une essoreuse c'est gratiné.
Bizzarement je trouve mon rythme très vite. Magré les gifles assénées par les vagues et pas mal de respirations avortées, mon crawl en deux temps est plutôt bien posé et j'avance sans trop peiner. C'est cool. En plus le manque de sommeil ne semble pas encore trop me dévarier. Pourvu que çà dure.
La première des deux bouées à contourner est atteinte sans trop de difficultés, si ce n'est l'inévitable traffic. Normal avec autant de participants. La section entre les deux flotteurs se fait pratiquement dans le sens du vent, et donc du courant. Une vraie sensation de puissance, un grand bonheur ;)
Mais un bonheur de courte durée puisqu'il se transforme en cauchemar après le virage. La force du vent qui nous heurte latéralement est telle que nous dérivons systèmatiquement vers la droite. Tenir sa trajectoire est un véritable exploit et tout le monde y laisse des plumes. J'alterne du coup tant bien que mal des passages en crawl et en brasse, histoire de plus ou moins garder le cap.
Cette ultime ligne droite me parait interminable, mais les cris impressionnants de la foule donnent un coup de fouet sur les derniers mètres. Dès que je peux me dresser sur les pieds, j'enlève le haut de la combinaison, histoire de ventiler et de refroidir le moteur. Et si je suis venu seul sur ce tri, je peux compter sur les encouragements nourris de la délégation du VO2 bien présente derrière les barrières. C'est top !
Le piège avec la longue haie d'honneur qui mène du plan d'eau au parc à vélos, c'est que son ambiance peut éléctriser n'importe quel triathlète en herbe. Et comme moi, dans le genre, je suis une allumette, je m'enflamme et rejoins mon emplacement comme un avion. Du coup c'est complètement asphyxié que je dois me changer...
Je prends donc mon temps pour boire un coup, dégager le bas de ma combi, enfiler mes chaussures, mettre mon casque et cliper ma ceinture. Le contrat du jour c'est "OK tu viens faire ce tri alors que tu devrais sagement récupérer de ton voyage allongé sur ton canapé....mais alors tu le prends cool ! Très cool !". Je le respecte à la lettre et profite tranquillement de l'instant, en observant l'agitation autour de moi, assis, une gourde à la main.
Mais bon va falloir s'y remettre quand même. Je décroche donc mon Look chéri et nous filons vers la ligne de départ de la seconde épreuve....tant redoutée. Malgré de bonnes sensations sur ce plan d'eau si particulier, je suis pointé à la 409ème place en sortant du PAV (avec 33'10 dans la flotte). Pas de doute, je me traine :)
J'ai souvent parlé ici de l'intérêt de bien connaitre à l'avance le parcours vélo, même si en bonne feignasse qui se respecte, il ne me vient jamais à l'idée de venir transpirer sur des reconnaissances. Mais la bonne nouvelle du jour c'est que le programme de bicyclette n'a pas bougé depuis l'an passé. Et je sais donc ainsi que je peux me mettre dans le rouge d'entrée de jeu sur la bosse qui nous mène à Liausson, puisqu'elle est suivie d'une descente amplement suffisante pour récupérer.
Comme dans l'eau tout à l'heure, je me sens plutôt bien sur mon fidèle destrier. Les jambes répondent sans broncher et je cale mon allure sur un groupe qui roule bien, en gardant bien entendu mes distances. Le drafting est prohibé et les arbitres veillent au grain depuis leurs motos.
Les 12 premiers kilomètres, très roulants, sont faits pour moi et mes grosses cuisses. Je prends un plaisir dingue à envoyer et je sympathise avec un Nimois, qui se cale un long moment à mes côtés pour papoter. Le vent ne pose pas pour l'instant de problème, le relief se chargeant plus ou moins de nous abriter. Le paysage et sa terre ocre sont eux toujours aussi époustouflants.
Rien à voir niveau chaleur avec l'an dernier, mais je fais tout de même très attention à m'hydrater régulièrement. Le souvenir de mon explosion 2015 en mode cocotte-minute me hante encore lorsque nous attaquons la longue montée au-dessus d'Octon. Je décide alors de faire les 5 premières bornes de grimpette à l'économie, sans forcer.
Bien sur je me fais dépasser par une ribambelle de coureurs, même si j'en reprends quelques-uns, déjà dans un sale état. Avec mes trois sorties annuelles sur la selle hors triathlons, je suis déjà bien content d'atteindre cette fois-ci le point de ravitaillement, situé dans un hameau proche du sommet, dans de bonnes conditions. Je manque logiquement de jus, la fatigue liée à ma semaine de dingue se faisant de plus en plus sentir, mais rien d'alarmant.
J'échange mes deux gourdes et continue de boire peu, mais très régulièrement. Je fais même le plein de glucose dans la courte descente avant la montée finale vers le point culminant. Cette dernière me fait bien mal aux pattes, mais je relativise en voyant Cédric, un cador du VO2, poussant son vélo à pied sur le bas-côté. Visiblement victime d'un problème mécanique, le pauvre n'est pas rentré...
Si beaucoup de cyclistes profitent des descentes pour récupérer, cela n'a jamais été mon cas. Car même si je progresse peu à peu au fil des expériences, je suis encore tendu comme un string dans les portions techniques et très perturbé par le traffic de coureurs et de véhicules. C'est donc avec beaucoup de soulagement que je regagne le secteur bas, après environ 25 kilomètres.
Niveau forme physique, malgré le manque évident de sommeil, je suis mille fois mieux que l'an passé. Je me permets même d'envoyer un peu sur la route qui nous ramène sur Liausson, récupérant pas mal de monde par la même occasion. La position (trop inhabituelle pour moi) du cycliste m'occasionne de vilaines douleurs à la nuque et dans le dos sur les 15 ultimes bornes, mais ces dernières se passent sans encombres au niveau du cardio et des jambes.
Me rappelant que l'unique objectif de la journée est de finir la course, je prends le temps de bien m'hydrater et de me décontracter sur la petite descente finale vers le PAV. Il y a encore du monde devant la ligne, preuve en est que je ne suis pas encore en queue de peloton. C'est toujours agréable. J'ai en fait passé 1h32 sur la selle pour un petit 26 km/h de moyenne...qui fait très largement mon bonheur pour ce qui doit être ma 5ème balade à vélo de 2016 :)
C'est tout cool que j'aborde cette deuxième transition. Je raccroche ma bicyclette, enlève le casque et enfile tranquillement mes runnings, assis à même le sol. Après avoir soufflé quelques secondes en buvant, je me redresse et sors du parc, pour attaquer les 9 kilomètres de course à pied. Mon chorno Vélo + T2 est le 362ème/640, avec pratiquement 5 minutes de moins qu'en 2015. Ca me va.
Dès mes premières foulées sur la terre ocre, les souvenirs du naufrage de l'an passé ressurgissent. Mais il faut bien reconnaitre que la chaleur est moins étouffante ce coup-ci. Il fait très lourd, mais grâce au vent, on a de l'air.
La stratégie que j'adopte est toute simple : Courir doucement...mais toujours courir. Même sur les quelques portions qui montent, dont celle du début en direction de Liausson, théatre de ma magistrale explosion passée. Je me cale donc sur un 10-11 km/h pépère.
Ce qui fait mal en CAP, c'est quand les purs spécialistes, qui ont eu du mal en natation ou en vélo, vous doublent en mode bip-bip ("et le coyote" pour les plus vieux). A ce moment-là, l'égo morfle sérieusement, surtout quand on se croit d'un niveau correct en trail ou running. Mais bon, faut remballer sa fierté et se concentrer sur son propre effort.
Le premier ravito est situé après environ trois kilomètres. Signe que je suis encore lucide, je ne prends pas de coca (que je soupçonne de plus en plus d'être un accélérateurs de mes ennuis gastriques) et me contente de quelques gorgées de flotte. J'évite également les orange et leur acidité. l'ambiance est au top, avec une belle équipe de bénévoles du MAT.
Plus les kilomètres passent, plus je peine. Et on ne va pas se mentir, ma foulée ne ressemble plus à grand chose lorsque je passe à nouveau au ravitaillement, utilisable à l'aller comme au retour. L'arrosage y est un jouissif. Il me reste environ trois bornes à parcourir, et je vais les rentrer comme une petite vieille. Je paie enfin la note de ma semaine de voyage ;)
Mais bon, le contrat est rempli puisque je vais au bout du truc. Le passage sur un bout de plage déserte à quelques encablures de l'arrivée est magique, avec une lumière de fin de journée sur un plan d'eau encore bien démonté. Trop beau. Le genre de décor qui donne un sens à des efforts qui paraissent parfois un peu aburdes.
Je franchis la ligne en 3h02:31. Il y a toujours autant de monde et le speaker est à bloc. Même si je salue quelques visages connus à droite et à gauche, je ressens une certaine tristesse d'être venu seul et de ne pas partager cet instant avec Julie, Jérôme ou d'autres proches. Mais je réalise quand même assez rapidement que çà y est....la feignasse vient de boucler son tout premier format olympique (M), deux ans après s'être initié au triathlon. 367ème sur 640 finishers c'est pas glorieux, mais je prends quand même !
Finalement j'ai bien fait de venir prendre ma revanche dans ce bel écrin du Salagou, malgré un organisme secoué par le jet lag. En se restaurant, tous les athlètes ne parlent que des conditions de natation. Les chronos sont d'ailleurs édifiants et témoignent des difficultés que même les champions ont rencontrés dans l'eau. Perso çà ne m'a pas trop perturbé. J'étais tellement focalisé sur la suite des réjouissances...
Gros point positif, je ne suis pas en vrac à l'issue de la course. Bien sur, avec le relâchement, j'ai un peu la nausée, mais rien qui ne m'empêche de ramasser mon barda et de filer prendre la voiture. C'est que dans quelques heures, je prends la route de Port Aventura. Une autre redoutable épreuve :)
Un petit clin d'oeil aux quelques lecteurs qui viennent spontanéments me saluer sur les courses. Merci à vous pour vos encouragements. C'est du bonheur. Et désolé si je peux paraitre un peu timide quand je ne suis pas derrière mon écran !
PS : Débarqué en solo sur ce tri, je n'ai pas pu bénéficier de photos prises par ma garde rapprochée. Celles qui sont affichées sur ce récit sont la propriété du MAT, de l'excellent Thierry Sourbier ou du mon président de club. Avec quelques clichés également pris sur mon iPhone dans le parc à vélos.
Deux semaines après un échec douloureux sur l'Hérault Trail, le triathlon d'Argelès est tombé à pic pour me redonner goût à la course. Entouré par les amis, dans un cadre somptueux qui me tient tant à coeur, j'ai comme l'an passé pris énormément de plaisir. Et j'en avais rudement besoin.
Les distances : 750 mètres de natation, 20 kilomètres de vélo et 5 bornes de course à pied.
Le compte-rendu :
Les 73 kilomètres de l'Hérault Trail, programmés le 21 mai dernier, étaient l'objectif majeur de mon année 2016. Mon explosion gastrique sur le Roc Blanc après trois heures d'efforts et l'inévitable abandon qui en a découlé m'ont donc beaucoup marqué. Avec le recul, je sais que j'y ai payé très cher une préparation insuffisante au niveau du volume et de l'attention portée à mon fragile système digestif.
C´est donc le bide encore convalescent que j'embarque avec Julie ce vendredi soir, après le boulot, en direction du Roussillon. Ce week-end est coché sur le calendrier depuis des lustres. Nous partons en effet à trois couples, sans marmots, pour profiter de la maison familiale du Racou et participer, pour trois d'entre nous, au tri d'Argelès.
N'ayant plus retenté l'aventure depuis le Gardon 2014, Marie souhaite s'aligner sur le XS. Redoutant (à juste titre) l'apéro du samedi soir, nous avons renoncé avec Jérôme au format olympique (M) du dimanche matin. Son parcours vélo diabolique nécessite d'être au top, et je veux absolument éviter une nouvelle galère. Nous nous contenterons du Sprint (S), déjà bien exigeant.
Si la première soirée a été très sage, le réveil ce samedi matin est difficile. Notre matelas gonflable s'est vite retrouvé à plat et j'ai fini la nuit sur le carrelage, le dos en compote. Pas grave...un petit tour dans le décor paradisiaque du Racou, une reconnaissance tranquille à la pédale avec mon Jéjé...et je suis à peu près d'aplomb.
Le départ de la course est prévu pour 15h. Nous mangeons donc en fin de matinée avant de décoller, à bicyclette, vers Argelès-Plage. Situé juste après le port, le lieu des réjouissances n'est qu'à deux petits kilomètres de la maison. Parfait pour digérer. Cédric et les filles nous rejoignent en voiture, me délestant ainsi de mon encombrante combinaison.
Comme l'an passé, il règne déjà une superbe ambiance sur le site. Le soleil est là. La sono bat son plein et les podiums des courses enfants se succèdent. Le mix est parfait au niveau d'une organisation à la fois familiale et sérieuse. Tout semble idéalement ficelé, sans aucun stress. Bravo au staff du Triathlon Catalan !
Nos dossards retirés sans soucis, nous pénétrons très vite, pratiquement les premiers, dans le parc à vélos. Le placement est libre, et nous nous installons du coup l'un à côté de l'autre. Comme à son habitude, Jérôme est prêt en un éclair. Je m'active alors un peu pour placer mon bazar et oublie de contrôler mes freins comme je me l'étais promis.
Après un passage à la consigne nous gagnons la plage où nous retrouvons nos moitiés respectives, accompagnées de Cédric, Marie et de mon paternel. Ce dernier reste un moment avec nous avant de s'éclipser. Il souhaite en effet prendre de l'altitude en voiture, pour nous photographier sur les lacets menant à la Madeloc.
C'est donc entre copains que nous attendons le départ sur la plage. Il fait chaud et le ciel est plutôt dégagé, même si des nuages recouvrent peu à peu les pentes des Albères. Des orages sont annoncés. Pourvu qu'il ne pleuve pas sur la partie vélo... Moi qui ne sais pas descendre, je crains le pire. Mais pour l'instant, çà passe.
Je commence à peine à enfiler ma combinaison que Jéjé est déjà loin dans l'eau. Il n'aime pas attendre et enchaine les allées et venues, imité par de plus en plus de pingouins. La température de la flotte est bien plus acceptable qu'à la Grande-Motte, même si çà pique encore un peu. Certains courageux ont visiblement opté pour 750 mètres sans néoprène. Respect.
Nous zappons le briefing pour rester en compagnie des nôtres. Jérôme est revenu sur le rivage et m'aide à fermer ma combi. Ca papote et rigole bien. L'avant-course avec nos potes et chéries, c'est le top, avec même un petit goût de vacances. Mais lorsque le troupeau redescend sur le bas de la plage, on n'a plus le choix : Il faut y aller.
15h. Le responsable de l'organisation et l'arbitre principal donnent leurs dernières consignes au micro pendant qu'une rubalise est déployée pour matérialiser la ligne. Les bouées me paraissent loin. Très loin. Il y en a deux à contourner main gauche. Nous nous plaçons en plein milieu de la meute avec mon Jéjé, prêts à en découdre. On nous annonce environ 180 au départ. Pas mal pour un tri familial...
Clac ! C'est parti ! Même si j'en prends une bonne dans le nez après quelques secondes seulement, je comprends vite que je ne vais pas vivre la même galère qu'à la Grande-Motte. Je pose très vite un crawl régulier et j'ai tranquillement atteint ma (modeste) vitesse de croisière lorsqu'arrive le contournement du premier flotteur. Je suis en plein milieu du paquet et tout va bien. Je m'octroie une micro pause de temps en temps pour faire rentrer de l'eau dans la combi.
Juste avant d'atteindre la seconde bouée, j'aperçois Jérôme à mes côtés. Le bougre a sacrément progressé en natation. J'ai du mal à rester à sa hauteur. S'il me lâche, je sais que je ne le reverrai plus de la course. Cela me motive pour accélérer après le virage, mais c'est une belle illustration des conneries que peut nous faire faire notre égo. Je suis en effet complètement cramé cent mètres plus loin.
Le retour vers l'arche est la plus longue ligne droite du parcours. Interminable. Après quelques mouvements de brasse pour récupérer un minimum, je recale mon crawl sur deux temps et termine en souffrance. Je dois sortir de l'eau autour de la 65ème place. Sylvie m'encourage sur la plage lorsque je passe devant elle, mais son regard se tourne très vite vers les nageurs qui en terminent. J'en déduis donc que Jéjé est derrière. Sa navigation zigzagante a encore du lui jouer des tours.
Ma première transition se passe sans encombre. Juste un peu de mal, comme souvent, pour clipper mon porte-dossard. Jérôme arrive au moment où je me lève pour décrocher mon vieux Look. Je file mais je sais que je reverrai mon pote très vite :)
C'est un vrai plus de connaitre par coeur le parcours vélo. Surtout quand il est difficile comme aujourd'hui. Je prends le temps de boire en longeant le port, avant de me mettre à bloc. Je sais qu'il y a une petite descente pour récupérer au début de la corniche, alors j'y vais à fond, même sur la petite bosse qui la précède.
Il ne pleut toujours pas mais le ciel devient très menaçant. Peu avant de rentrer sur Collioure, sur une montée plutôt raide, mon Jéjé me double comme un avion. Chaud bouillant ! Et moi qui trouvais que je carburais plutôt bien...
Les choses sérieuses débutent sur les hauteurs de Collioure. La vue est magnifique et le dénivelé commence à piquer. Après le passage devant le casino, nous sortons du village pour prendre la route de la Madeloc. Je souffre mais j'adore. C'est tellement beau.
Des vignes en pentes à perte de vue et la mer. Un bonheur pour les yeux. Mais aussi un calvaire pour les jambes sur les 2-3 derniers kilomètres d'ascension. Jérôme a compté les terribles lacets lors de notre reconnaissance, et çà m'aide psychologiquement de faire le décompte au fur et à mesure. Si plusieurs grimpeurs me déposent, je reprends moi-même, au train, pas mal de coureurs en grosse difficulté.
Nous croisons les premiers qui redescendent, lancés comme des obus. C'est franchement flippant sur cette petite route. Sans parler des voitures et motos de l'organisation. Peu avant l'ultime virage, je vois débouler Jérôme à une vitesse dingue. Un équilibriste...qui a tout juste le temps de me glisser que mon père est posté un peu plus loin.
Je suis dans le dur quand je passe devant ce dernier, mais aussi soulagé de savoir que le point de demi-tour est tout proche. Je suis content de moi, j'ai bien géré ma montée et pas perdu beaucoup de temps, ni de places. Le souci, c'est que maintenant...il faut descendre...
Même si nous sommes finalement épargnés par la pluie et que la revêtement reste sec, c'est avec beaucoup d'appréhension que je me lance dans la pente. Toujours aussi désastreux au niveau du pilotage, je suis debout sur les freins, hyper crispé. Les lacets sont un véritable calvaire pour moi. Je me bats pour éviter ceux qui montent, ne pas gêner ceux qui me doublent et ne pas filer tout droit dans les virages. C'est épuisant nerveusement et physiquement.
Entre le sommet du parcours et les hauteurs de Collioure, où la route s'élargit enfin, j'ai du me faire dépasser par une grosse quinzaine de coureurs. C'est la loose. Je suis vraiment une quiche sur mon vélo. Une estimation rapide du nombre de participants croisés me permet toutefois d'espérer encore figurer dans la première moitié du classement.
Je donne tout sur les 3-4 derniers kilomètres pour limiter la casse, sans m'économiser en vue de la course à pied. C'est donc bien entamé que j'atteins le PAV. J'entends les encouragements des filles même si je ne les distingue pas. J'aurais au final le 78ème temps vélo, en 50'42. Le temps de poser mon barda, de chausser les runnings, et me voilà parti pour 5 bornes sur le front de mer.
S'il ne fait pas aussi chaud que l'an passé, le temps est très lourd. Malgré les mots doux de ma belle, la mise en route est compliquée et je sens immédiatement que je ne vais pas être aérien sur cette ultime partie. J'ai les jambes encore tétanisées par le stress du parcours vélo. Je me cale quand même un peu au-dessus de 12 km/h en serrant les dents.
La longue ligne droite de la promenade piétonne d'Argelès-Plage a le mérite d'être toute plate. Ca fait du bien. Beaucoup de touristes nous regardent passer avec des yeux amusés ou étonnés. Je croise rapidement Anthony du VO2, qui me tape dans la main avant de filer chercher une très belle 19ème place. Mon Jéjé n'est pas loin derrière. Il a l'air bien. Nous nous encourageons mutuellement.
Un ravitaillement ombragé est stratégiquement placé, peu après la petite fête foraine, sur le point de retournement. J'y avale un gobelet de flotte avant de prendre la direction du port. La section de course à pied n'occasionne au final que très peu de dépassements. L'éprouvante épreuve à vélo qui la précède a en effet bien éparpillé les concurrents.
Le dernier kilomètre est un peu difficile pour moi. Ma foulée est de plus en plus lourde. Je distingue ma chérie et nos potes, positionnés peu avant l'arche d'arrivée. Leurs cris me donnent la force de résister au retour d'un concurrent.
Je passe enfin la ligne, en 79ème position (sur 175 finishers) en 1h29'51. C'est pas glorieux, mais je m'en satisfait pleinement quinze jours après le désastre du Festa Trail. Le point ultra positif c'est que tout semble rentré dans l'ordre au niveau du ventre. La descente vélo mise à part, j'ai pris un plaisir dingue sur cette magnifique course. Jérôme m'a mis six minutes dans les dents et se classe 41ème ! Bravo !!!
S'en suivra une belle soirée arrosée au Racou, avec leçon nocturne de natation par Cédric, et une belle matinée du dimanche devant le XS brillamment disputé par Marie. Le rendez-vous est déjà pris pour l'année prochaine. Impossible de manquer ce triathlon organisé au paradis. Par contre je sais déjà que Jérôme va vouloir qu'on s'inscrive sur le M, et si je ne progresse pas en pilotage, çà va être compliqué ;)
Merci encore au Tri Catalan pour cette course magnifique et pour les quelques photos piochées sur Facebook.
Pour la troisième fois consécutive, c'est à la Grande-Motte que j'ai lancé ma saison de triathlon le 24 avril dernier. Et malgré une météo bien friscouille, comme on dit dans le Bouchonnois, le plaisir a encore été au rendez-vous.
Les distances : 800 mètres de natation, 20 bornes de vélo et 5 kilomètres à de course à pied
Le récit :
Julie en vacances du côté de la Bretagne, c'est avec ma tendre mère que je fais le court déplacement matinal vers le littoral. Pour son premier triathlon en tant que spectatrice, cette dernière n'est pas gâtée. Les organisateurs ont en effet choisi d'avancer cette année la date de trois bonnes semaines, et les conditions de cet ultime dimanche d'avril sont tout sauf printanières.
Même si la pluie n'est pas annoncée au programme, le ciel est couvert et un vent glacial balaie la station balnéaire. Bien loin de l'ambiance crème solaire et glace à l'italienne qui règne traditionnellement sur la Grande-Motte. Je crois que c'est la première fois que j'ai hâte d'enfiler ma combinaison en néoprène.
La course est localisée pour cette édition sur le joli front de mer du Couchant. Un coin que nous fréquentons beaucoup l'été et qui a l'avantage d'offrir une multitude de parkings, surtout hors-saison. Pas de soucis donc pour se garer, ni pour récupérer mon dossard. Les inscriptions ont été très rapidement closes, prises d'assaut par une grosse majorité de licenciés désireux de se tester sur cette première épreuve du calendrier languedocien.
Peu de touristes et de débutants donc ce coup-ci, parmi les 158 inscrits du Sprint Open dont je fais partie. Et comme nous allons nous aligner au départ en compagnie d'une grosse centaine de concurrents de D3, le niveau risque de piquer. La gueule des vélos qui commencent à s'entasser dans le parc me conforte dans cette idée...
8h20. Le temps de fixer le dossard sur ma ceinture, de numéroter casque et vélo, et me voilà dans la file d'attente pour rejoindre mon emplacement. Tatouage par une bénévole, contrôle des arbitres, je rentre progressivement dans le bain. Ma place est en plein milieu d'un PAV très simpliste, à même le bitume.
Je salue mes voisins, accroche mon fidèle destrier et dispose tranquillement mes affaires. Huit mois après mon dernier tri, je suis dans mon élément. Maman observe avec curiosité l'effervescence qui secoue la place, derrière une barrière. La tension monte tout doucement. J'aperçois Jean-Noël, mon pote du boulot. Il vient peaufiner sa préparation pour l'Half Ironman d'Aix, qu'il disputera le week-end suivant.
Les conversations entre participants tournent autour d'un seul et même sujet : le froid ! La température de l'eau est annoncée à 15°C. Pour être honnête, je m'attendais à moins, mais sans le soleil pour nous réchauffer, je ne sais pas ce que cela va donner. Je dépose mon sac à la consigne puis file sur la plage avec Jean-Noël et ma mère. Nous zappons le briefing pour aller tremper nos pieds dans la flotte.
On ne va pas se mentir, elle est gelée. Glaglagla... La meute de pingouins arrive peu à peu, et ils ne sont pas nombreux les courageux (ou plutôt les fadas) à se mouiller intégralement pour enchainer quelques longueurs en crawl. J'atteins péniblement le torse sans vouloir laisser l'eau pénétrer par le col à l'intérieur de la combi. Tant pis, je vivrai ce moment terrible en live, lors de la ruée initiale.
9h. A la demande de l'organisation, nous nous alignons sur la plage pour le départ. En guise de lueur d'espoir, je vois le soleil commencer à percer les nuages par endroits. Qu'il insiste le bougre ! On va bien en avoir besoin. Fidèle à mes habitudes je me cale juste derrière la première ligne des furieux, pour me glisser un temps dans leur sillage. Je suis face à la bouée, à gauche du paquet, juste devant le public. La trajectoire me semble optimale.
Le temps de faire un signe à Jean-Noël, un peu plus en retrait, et le coup de pistolet claque dans l'air. C'est parti. Comme d'habitude à la Grande-Motte, le triathlon commence en fait par une quatrième discipline, le running pédestre aquatique. Nous avons en effet pied sur bien 50/60 mètres et çà galope dur. Je suis bien décidé à me mettre à l'horizontale le plus tard possible, et me retrouve après quelques dizaines de secondes seul debout, au milieu des nageurs. Une sorte de Highlander. Plutôt drôle :)
Une fois le torse immergé, je suis bien obligé de m'y mettre. Et là....c'est le drame. Entre l'eau froide qui pénètre dans la combinaison et la bagarre qui fait rage dans l'eau, je suis incapable de poser correctement mon crawl. Je perds tous mes (maigres) moyens et le coup de coude qui m'arrache mes lunettes n'arrange rien. C'est la panique.
Je me décale alors sur le flanc gauche de la horde sauvage pour récupérer plus tranquillement. Bien entendu je me fais beaucoup doubler, mais çà je m'en balance. Ce qui m'inquiète c'est que je n'arrive pas à nager ni à choper un rythme de respiration digne de ce nom. Pire, je bois deux fois la tasse en tentant de reprendre de l'air. Je suis tétanisé.
Tant bien que mal, en alternant crawl, brasse et mouvements canins, je gagne la première bouée. Ca va un peu mieux après le virage. Mon "deux temps" se pose enfin, tant bien que mal. Un coup d'oeil autour de moi me permet de constater que je suis à peu près au début du dernier tiers. Je ne ressens plus la fraicheur de l'eau. Mon moteur interne a tellement surchauffé jusque-là...
Pour être clair, je dois préciser que je ne me suis rendu qu'à un seul entrainement club en piscine depuis Noël, auquel il faut seulement ajouter deux séances perso la semaine passée et un petit plouf au lac du Crès. Ce n'est donc pas une grande surprise si je me traine dans l'eau. Mais je trouve finalement que je m'en sors si mal jusqu'au second flotteur. Je commence même à retrouver quelques sensations. Un virage à gauche et direction la plage !
La vue lointaine du rivage me donne des ailes et j'atteins un rythme de bras presque honorable. J'aperçois très vite le sable à travers mes lunettes. Dès que je peux poser les pieds, je me mets à courir. Une fois le buste hors de l'eau, je continue à avancer en enlevant le haut de ma combinaison. Je galère pour faire çà d'habitude mais c'est venu super vite ce coup-ci. Le hic c'est que j'étais en fait sur une petite bosse et que le niveau de flotte augmente à nouveau. Me revoilà quasiment immergé jusqu'au cou, et sans combi......wouaouh......çà pique !!! :)
Cette petite décharge fraîche me booste pour traverser la plage à bloc. Maman est bien là, au milieu d'une foule encore compacte. Je me dis alors qu'il doit rester encore un peu de monde derrière finalement, et j'en ai la confirmation en rentrant dans le parc. Beaucoup de vélos sont en effet toujours accrochés. Pas d'infos plus précises à donner puisqu'en bon chat noir qui se respecte, je n'ai pas mes chronos intermédiaires sur le classement final. Ma puce a visiblement merdé comme l'an dernier. Pas grave.
Pour une fois je trouve mon emplacement sans encombre et réalise une transition ultra-rapide. Juste quelques secondes perdues pour positionner le porte-dossard, avant de décrocher mon vieux Look et de filer. Le fait de m'être assis pour enfiler les chaussures m'a permis de faire redescendre le cardio. C'est donc en excellent état physique que j'attaque le vélo.
Je n'avais pas du tout repéré le parcours, mais je comprends vite qu'il est fait pour moi : Tout plat avec de longues lignes droites et un peu de vent. Aucun passage technique, mes cuissots peuvent optimalement s'exprimer sur la plaque ! Je fais la première des deux boucles de 10 bornes à bloc. Quelques avions de chasse profilés me doublent, mais je reprends pas mal de coureurs. Les féminines et les gabarits un peu frêles morflent sur ce tracé. Normal.
Peu après le demi-tour du Grand Travers, je croise Jean-Noël. Il n'est donc pas loin derrière moi et envoie du pâté sur son beau vélo. De mon côté je pioche un peu et laisse filer Stéphane, un collègue du VO2, avec qui j'ai papoté un instant. J'ai complètement oublié de boire jusque là, malgré une gourde pleine accrochée au cadre. Le boulet...
La sensation de l'eau douce dans ma bouche salée est un pur bonheur. Elle me redonne un coup de fouet et je relance au moment d'en finir avec mon premier tour. Un petit signe à ma maman, très bien placée au bord de la route, et c'est reparti pour un tour. En avant Guingamp...
Lors du second demi-tour, je réalise que Jean-Noël s'est rapproché. Il a enclenché la vitesse de croisière le gaillard. Sur le retour, nous voyons les premiers déjà en piste pour la course à pied. Impressionnants les gars. Le soleil a finalement décidé d'être de la partie et çà fait du bien. Pour la première fois depuis que je fais du tri, je décide tester le fait de lever le pied sur les 200 derniers mètres et de décontracter les jambes en prévision de la CAP. Deviendrais-je (enfin) sage ?
Jean-Noël me rejoint à ce moment là et nous rentrons ensemble dans le parc. Nickel. Ma mère est au top, en face de moi derrière une barrière. Elle m'épate. C'est la première épreuve à laquelle elle assiste et elle suit çà comme une habituée. Trop forte. Le temps de déposer efficacement casque et vélo, puis de changer de chaussures, et me voilà parti pour 5 kilomètres.
Ayant quasi-exclusivement consacré ma pratique sportive à la course à pied depuis l'été dernier, celle-ci doit enfin devenir mon point fort sur le triple-effort. Mais pour cela il faut tout de même qu'il reste de l'essence dans le réservoir. Si cela semble OK de ce côté-là, je peine à lancer la machine à cause d'un pied gauche tout engourdi et contracté. J'ai bêtement trop serré mes pompes de vélo tout à l'heure et coupé la circulation sanguine.
Il me faut un bon kilomètre pour faire passer cette gêne. Nous longeons la plage en direction du Grand Travers. Jean-Noël est juste derrière moi. Je m'assure auprès d'un autre concurrent qu'il n'y a qu'une seule boucle à parcourir et j'accélère. Les jambes répondent bien. Le cardio aussi.
Les sensations sont même excellentes. Alors que je m'écroulais toujours sur le CAP, je parviens aujourd'hui à maintenir une allure correcte. Attention, rien d'extraordinaire, mais de quoi tout de même reprendre et déposer quelques coureurs. Le moment le plus sympa c'est quand je reviens sur deux féminines qui disputent visiblement la D3 et que leurs coachs, à vélo, leur demandent de se caler dans mes pas.
Je cherche à les encourager mais elles sont visiblement dans le rouge. Elles s'accrochent toutefois jusqu'à 200 mètres de la ligne, lorsque j'en remets une couche pour lâcher deux gars eux aussi accrochés à mes basques. Un petit groupe du VO2 s'est posté sur le côté pour nous encourager et immortaliser l'évènement en photos. Merci !!!
Je passe la ligne après 1h19:38 de bonheur ! Je me suis régalé malgré un départ cataclysmique en natation. Ce triathlon familial est toujours aussi sympa et idéal pour attaquer la saison. Sur le classement S Open, je suis 59ème/146. Pas mal après avoir failli me noyer. Jean-Noël termine une minute après moi avec une belle 66ème place.
La bonne nouvelle c'est que je me sens super bien à l'issue de ce triathlon. RAS au niveau musculaire, RAS au niveau du bide. Cool. Et c'est le pied d'avoir partagé çà avec ma super maman. Ce format de course sans temps morts est toujours super sympa pour les suiveurs. Et elle s'est visiblement régalée. Que demande le peuple ?
Un petit mot pour le très sympathique Camille, lecteur de ce blog qui est venu à ma rencontre après la course : Ca m'a fait super plaisir de te rencontrer. Encore bravo pour ta performance. Je suis aux anges si mon témoignage (a travers mes écrits) a (modestement) contribué au fait que tu te sois lancé ! C'est le but.
La Saintélyon est une course atypique qui me fascine depuis de nombreuses années. Enivré par les récits et les vidéos des éditions précédentes, j'ai craqué et me suis inscrit cet été. Moi qui n'avait jamais couru plus de 30 bornes, j'ai donc du assumer ce coup de folie le 5 décembre dernier, en me présentant au départ de ce Running Raid Nocturne. Avec déjà dans un coin de la tête l'envie de partager cette aventure sur mon blog.
Distance : 72 kilomètres
Dénivelé : Environ 1750 mètres de D+
Spécificités :
Depuis 1952, cette grande classique française de la course à pied relie comme son nom l'indique les villes de Saint-Etienne et de Lyon. Son parcours n'évolue que très légèrement au fil des éditions, mais sa composition mi-trail mi-bitume donne de sacrés maux de tête aux concurrents les semaines précédant le départ, les débats sur le type idéal de chaussures enflammant même les forums spécialisés.
Pour les inconditionnels de l'Ultra, le dénivelé positif cumulé n'a rien d'exceptionnel. Mais grimper au total plus de 1750 mètres, çà équivaut quand même à passer de la plage d'Argelès-sur-mer au centre de la station de ski de Font-Romeu. Une bien belle ascension. Surtout que la majeure partie de cette grimpette se déroule sur la première moitié du parcours dans les inévitables Monts du Lyonnais, à la frontale, la Saintélyon prenant traditionnellement son envol à minuit.
La grande inconnue qui rend chaque cuvée unique, c'est la météo. Début décembre dans ce coin-là, le froid, la neige, la pluie, le verglas et la boue s'invitent régulièrement à la fête. Avec en plus une évolution souvent radicale des conditions, de la cuvette stéphanoise à la plaine lyonnaise, en passant par de nombreuses forêts humides et des crêtes exposées au vent. Bref, vous l'avez compris, l'équipement est un élément déterminant quant à la réussite du truc.
La préparation :
En bonne feignasse qui se respecte, j'ai récupéré un plan d'entrainement sur Internet que je n'ai absolument pas respecté. Je me suis juste inspiré de son contenu pour introduire un peu d'intensité dans mes séances et ne pas me contenter de footings trop monotones. En gros, à partir de septembre, j'ai essayé de rentrer trois sorties hebdomadaires (entre 8 et 12 bornes) durant ma pause déjeuner et je me suis inscrit sur une course le weekend tous les quinze jours. Principalement des trails, autour de Montpellier, en essayant de terminer sur les deux plus costauds, le Mas Dieu (20 km / 427 D+) et Mireval (25 km / 575 D+). J'ai uniquement ajouté à çà deux trajets matinaux maison/boulot de 27 kilomètres début novembre afin d'emmagasiner un peu de caisse et fait très attention à rester tranquille la dernière semaine. Pour faire du jus.
Une préparation en somme très minimaliste, mais je ne pense pas être capable de plus avec la garde alternée de ma princesse, le travail .... et ma flemme légendaire. Faut que çà reste un plaisir. J'ai aussi mis de côté le vélo, la natation et même le foot pour limiter le risque de blessure.
N'ayant jamais été performant en course à pied, encore moins sur des parcours escarpés, je n'ai pas été surpris par les piètres chronos réalisés sur mes différents trails cet automne. L'objectif était ailleurs : Acquérir du fond et tester mon matériel. Ce qui m'a par contre franchement inquiété c'est de voir mes soucis intestinaux refaire surface. J'ai ainsi été plusieurs fois malade après avoir franchi la ligne d'arrivée, vomissant même par la fenêtre de la voiture, heureusement conduite par Julie, sur le retour du Mas Dieu.
Les problèmes de bide seraient la principale cause d'abandon sur la Saintélyon. Vu comme je suis fragile de ce côté-là, j'ai mis le paquet pour optimiser l'état du mien le jour J. Profitant de conseils éclairés (Merci Denis et Mathieu), j'ai contrôlé mon alimentation lors du dernier mois de préparation, en prohibant au maximum les aliments gras ou l'alcool. Les jours précédant la course j'ai en plus évité les crudités, les laitages et la viande rouge, tout en bénéficiant d'une cure de charbon (carbosylane) et de Malto. Si on ajoute à tout çà le platrage au Smecta sur les ultimes 24h, ma tuyauterie a bénéficié d'une sacrée attention...
L'équipement :
Avec deux trails nocturnes à mon actif en 2015 (Duo Blanc de l'Aigoual et Tour du Pic Saint-Loup by Night), j'avais déjà une bonne partie de l'équipement :
- Frontale Petzl Tikka + - Gants, bonnet, collant, sous-couche thermique manches longues et sac Kalenji (Décathlon) - Couverture de survie - Buffs récupérés sur des courses - Tee-shirt technique manches courtes récupéré sur une course
Pour compléter tout çà, ma chérie m'a offert une paire de chaussures de trail dignes de ce nom, les Asics Gel Fuji Trabucco 4, pour mon anniversaire...
...et le père Noël est lui passé en avance avec la veste de pluie Uglow de type Gore-Tex. Une bombe (sur toutes les photos de la course ci-dessous).
J'ai finalisé mon package à la dernière minute chez Décathlon en achetant des bidons, des sous-gants, des chaussettes épaisses et de quoi grignoter sur le parcours (gels, barres, pâtes de fruits).
Le récit :
Arrivés la veille chez mon oncle dans la proche banlieue lyonnaise, nous nous rendons tranquillement sur Lyon avec Julie pour retirer le dossard (qui est en réalité une chasuble). La cité rhodanienne est en alerte pollution et envahie par un épais brouillard. Pas glop. Il est environ 10h30 et la Halle Tony Garnier ouvre ses portes aux visiteurs. Après 10 minutes de queue et une fouille minutieuse (bien compréhensible), nous pénétrons à l'intérieur de cette magnifique enceinte.
Nous passons devant l'arche d'arrivée, que je n'ose pas trop affronter du regard, avant de nous engouffrer dans le village des exposants. Il est franchement impressionnant. Beaucoup de marques et d'organisateurs d’événements sont présents. Un bref arrêt au stand Uglow et je récupère mon enveloppe très facilement. Clairement, on est loin du cross de quartier. Le barnum est à la hauteur de la réputation toujours grandissante de cette course. Son sponsor principal, Mizuno, est omniprésent.
Avant de quitter la Halle, nous faisons halte sur deux stands. Celui du Festa Trail, pour saluer nos voisins du Pic Saint-Loup, et celui de PowerBar. Le spécialiste des produits énergétique propose en effet de goûter leurs derniers bonbons fourrés au gel. Jérôme m'avait fait tester un équivalent sur le Duo des Lavagnes et j'avais trouvé que çà passait plutôt bien, moi qui n'aime pas manger en courant. Du coup j'en prends deux paquets. Un à l'orange, l'autre au coca, chargé en caféine et donc pas inutile pour la nuit à venir.
Je passe ensuite l'essentiel de la journée assis ou allongé, que ce soit chez des amis dans l'arrière-pays ou chez mon oncle. Les uns comme les autres sont aux petits soins, me concoctant un menu à la carte (pâtes/poulet le midi, riz/thon autour de 19h) et me laissant jouer la patate de canapé. Et c'est ainsi, bien au chaud devant la TV, que je passe une bonne partie de la soirée. Je suis au calme, au chaud, loin, très loin, du Parc-Expo bondé de Saint-Etienne.
22h00. Il est temps de faire une ultime revue du sac et de prendre ma dernière ration de Smecta. Je me mets ensuite en tenue, jette un dernier œil au parcours avant d'embrasser mon oncle et ma tante. Ils somnolent et sont déjà prêts à filer au lit. Je les envie un instant, mais l'excitation prend vite le dessus lorsque nous grimpons en voiture avec Julie et décollons en direction du Forez.
23h. Nous arrivons sur Saint-Etienne. Aucun souci sur le trajet. J'ai préféré conduire pour éviter de commencer à gamberger. Nous trouvons vite la zone du départ et tournons un moment avant de nous garer. Alors que la ville semble endormie, ce quartier est en ébullition. Après une fouille au corps elle aussi bien légitime, nous pénétrons dans l'enceinte du Parc des expositions. Les halls ont commencé à se vider. De nombreux coureurs se rendent en effet déjà vers la ligne ou cherchent les camions chargés de rapatrier leurs affaires sur Lyon.
23h20. Bien à l'abri dans le hall principal, de plus en plus clairsemé, je remplis mes gourdes, m'enduis les jambes de baume du tigre, passe du NOK (anti-frottements) sur les pieds et les tétons, avant d'enfiler gants, veste et bonnet. J'ai droit à un bon coup de panique lorsque je réalise avoir perdu l'une des deux lanières permettant de serrer le sac de trail (sur le torse). Heureusement, une seule semble suffire à le maintenir correctement.
23h45. Suivant tranquillement la foule, nous gagnons la longue rue dédiée au départ. Nous sommes complètement à l'arrière du troupeau, mais la légère pente nous permet de distinguer l'arche et le camion des officiels. Le speaker est à bloc. Des barrières dégagent le trottoir pour permettre aux spectateurs et riverains de circuler. Nous nous y glissons avec Julie. Un petit pipi dans un parfait petit recoin verdoyant, et nous nous plaçons au début du dernier tiers des coureurs. Je serre alors bien fort ma belle dans mes bras, la remerciant d'être venue partager ce moment avec moi, puis je me glisse parmis les coureurs, à quelques mètres d'elle.
00h00. Après un hommage émouvant aux victimes des attentats parisiens, le compte à rebours commence sur les premières notes de "Light my way". Cette chanson de U2, je l'ai écoutée en boucle ces derniers mois. Tous les poils sont dressés. Je suis à la fois excité comme un gosse et super ému. Un dernier baiser à ma Julie, à ses yeux plus qu'humides....et c'est parti. Pffiou...je n'ai pas encore commencé à courir mais je sens mon cardio déjà monter très haut dans les tours. L'émotion. Va falloir calmer tout çà et rentrer dans la course.
En comptant les relayeurs, il doit y avoir plus de 6000 personnes devant moi. Impossible du coup de trottiner avant de passer la ligne. L'inégalable Ludovic Collet continue de transmettre conseils et encouragements au micro. Trop fort le gars. C'est avec un immense plaisir que je lui tape dans la main en passant sous l'arche. Nous basculons immédiatement sur un grand boulevard. Chacun peut alors enfin poser sa foulée.
Bon...voilà...j'y suis. Je digère vite ce très beau moment du départ et reviens sur terre. Incapable de terminer un tri M cet été, je suis dans le premier kilomètre de la Saintélyon. Va falloir gérer le truc correctement si je veux avoir une chance d'aller au bout. Afin de ne pas être paniqué par la distance globale, j'ai choisi de découper la course en utilisant les tronçons dessinés par les ravitaillements. En me focalisant à chaque fois sur celui que je parcours, avec pour seul objectif de le terminer en bon état. Cela me fait donc au total 6 secteurs comprenant entre 10 et 15 bornes. En se basant sur une moyenne de 2h (pause comprise) par secteur, je pourrais viser, dans l'idéal, une arrivée vers 12h. A suivre...
Secteur 1 : Saint-Etienne - Saint-Christo en Jarez (15,3 km / D+ 419 m)
Peu après le départ, l'ambiance est encore plutôt festive dans le peloton. Ça discute beaucoup. Pas mal de coureurs prennent le temps de satisfaire un besoin naturel lorsque le décor le permet. Nous sommes en ville et de nombreux spectateurs sont là pour voir passer cette longue file de cinglés. Je pars sur un rythme pépère, histoire de chauffer la machine tranquillement. Mais ce qui m'interpelle c'est que j'ai chaud. Trop chaud. Trop tôt.
J'ai beaucoup échangé avec l'adorable David, d'Endurance Shop, sur la gestion de la chaleur corporelle, essentielle à ses yeux expérimentés. En gros son concept c'est de ne jamais avoir chaud. Pour ne pas se transformer en cocotte minute, se déshydrater en transpirant excessivement et prendre froid en étant trempé sur les crêtes en plein vent. Au fil de la course, je vais ainsi aisément distinguer les initiés, prenant le temps de jouer avec les couches thermiques, des débutants, le visage bien rouge et suant à grosses gouttes. Je décide donc de m'arrêter sur le côté après seulement 10 minutes d'effort, pour retirer les manches de ma veste et ne garder que mes sous-gants aux mains. Je sens tout de suite la différence en repartant. Nickel.
Après 5-6 bornes à trottiner dans Saint-Etienne, les festivités commencent avec la longue montée sur Sorbiers. Nous sommes encore sur du bitume mais la pente est plutôt raide. Je suis dans le dernier quart des coureurs, déjà bien loin des furieux. Tout le monde se met à marcher sur la portion la plus abrupte et çà me va très bien. En mode économie d'énergie, je profite des encouragements distribués par les nombreuses familles venues assister au spectacle.
Les premiers sentiers font leur apparition vers le 9ème kilomètre. Une bonne partie de la meute s'arrête un moment sur une bosse au-dessus de Sorbiers. Lorsque l'on s'y retourne, la vue est en effet magnifique, avec les lumières de Saint-Etienne dans la vallée et le serpentin de frontale qui vient à nous. Il doit ainsi rester un bon millier de lucioles derrière nous. C'est splendide. Les flashs crépitent pour un festival de selfies bien justifié.
Cette pause sera le dernier moment de décontraction collective de la course. On rentre en effet ensuite dans le dur avec une portion vallonnée qui nous mène vers Saint-Christo via le sommet du Col de la Gache. Le silence commence à régner malgré la densité de coureurs au mètre carré. Nervosité et angoisse sont désormais perceptibles.
J'arrive au premier ravitaillement en 1h54 (5124ème) Je ne suis absolument pas entamé, ce qui est parfait. Beaucoup choisissent de ne pas passer par la grande tente, mais ne luttant pas contre le chrono, je prends le temps d'y refaire les niveaux. Ma stratégie au niveau hydratation est très simple : Boire un peu plus de 500 ml par heure, par petites gorgées. Ne supportant pas d'utiliser les flasques à tuyaux, j'ai opté pour deux gourdes en "façade". Je suis parti avec uniquement de l'eau dans l'une, et un mélange eau/malto dans l'autre. Nothing else.
J'ai conservé l'essentiel du malto pour la suite et pratiquement vidé la flotte pure sur ce tronçon initial. Si la température est très clémente pour la saison, demeurant positive jusque là, elle refroidit tout de même très vite les liquides. Et comme il n'y a rien de pire pour les intestins que de boire trop froid, je fais mettre un fond de thé chaud dans mon bidon, complété par de l'eau.
La tente est logiquement bondée et l'accès aux tables un peu compliqué. Beaucoup s'en plaignent, mais je ne vois pas comment les organisateurs pourraient éviter çà. Je reprends calmement mon chemin en mastiquant une barre au chocolat Overstim tirée du sac.
Secteur 2 : Saint-Christo en Jarez - Sainte-Catherine (12,5 km / D+ 302 m)
Après une portion tranquille en sortie de village, deux belles grimpettes nous mènent sur les premières crêtes du parcours. Le peloton s'est complètement disloqué et c'est par petits groupes que nous progressons maintenant. J'adopte face au vent glacial une tactique, peu honorable, mais diablement efficace, en me positionnant de manière à être protégé par d'autres coureurs. Je joue également avec la fermeture éclair de ma veste pour ventiler ou calfeutrer selon le besoin.
Ce qui est dingue sur cette Saintélyon, c'est que l'on trouve à de maintes reprises des groupes de spectateurs et de supporters en plein milieu de nulle part, utilisant des cloches à vaches ou d'autres accessoires surprenants pour mettre de l'ambiance. Ils sont réchauffés par de superbes feux de joie et par les mystérieux breuvages contenus dans leurs bouteilles. Leur présence est un vrai bonheur.
J'ai toutefois un premier coup de pompe peu après 3h du matin, alors que je viens de passer le panneau indiquant "Arrivée 50 kilomètres". Le physique va bien mais je crois que mon organisme ne comprend pas trop ce que je suis en train de faire à cette heure-ci. J'ai prévu deux "palliatifs" pour booster mon petit cerveau si nécessaire. Je sors donc le premier, mon iPod.
La musique me fait du bien et me permet d'aborder sereinement la descente piégeuse qui mène à Sainte-Catherine. Nous sommes en pleine forêt, sur un sentier jonché de feuilles mortes. Du coup, de nombreuses pierres ou racines sont sadiquement camouflées et les chutes sont légions. J'en prends une très jolie d'un point de vue artistique, mais sans gravité, en me prenant les pieds dans le tapis. De nombreux gars ont malheureusement moins de chance que moi et doivent mettre le clignotant pour récupérer sur le bas-côté...
Les organismes fragiles (ou mal préparés) semblent également morfler à l'approche du second ravito. Je double ainsi quelques coureurs qui marchent emmitouflés dans leur couverture de survie, tentant de regagner péniblement la civilisation. Mon plâtrage au Smecta et ma préparation semblent pour l'instant porter leurs fruits. Mon ventre se porte à merveille. Ce n'est visiblement pas le cas du gars qui vomit bruyamment à grands jets juste devant moi, à 300 mètres seulement de la tente. Ça remue un peu...
Le ravitaillement de Sainte-Catherine est aussi le départ de la SaintExpress (44 km), donné plus tôt dans la nuit. Cela explique la présence d'un speaker et d'une belle animation musicale pour nous accueillir. J'en suis à 3h54 de course et je n'ai parcouru que 27,8 kilomètres. Je suis 5224ème. Je pense avoir perdu une centaine de places en prenant le temps de m'arrêter sur Saint-Christo. Peu importe.
Parcouru : 27,8 km
Secteur 3 : Sainte-Catherine - Saint-Genou (12,2 km / D+ 389 m) - Total :
Je suis pile poil dans mon contrat de 2h par secteur, avec une avance confortable sur la barrière horaire (6h), lorsque je pénètre dans cette immense tente. Elle est bondée. L'ambiance y est nerveuse et bruyante. Ça me donne le tournis. Je trouve une place sur un banc au fond et m'y installe. Je suis KO et je commets l'erreur de rester sans bouger un trop long moment, à bloquer sur le spectacle qui m'entoure. Quelques râleurs s'en donnent à cœur joie devant des bénévoles en rupture de pas mal de choses (sodas, gâteaux, ...) et de nombreux coureurs sont assis, le regard hagard, comme vidés.
Alors que je suis entouré de centaines de personnes, je me sens étrangement seul et perdu. On m'a souvent expliqué qu'il était primordial de s'initier à plusieurs sur ce genre de formats longs, pour se soutenir moralement au fil des écueils. Je partage désormais cette idée...
Je reste ainsi bêtement à comater un gros quart d'heure. Voire plus. Forcément, en restant immobile, j'ai froid. Pas mal de gars autour de moi jettent l'éponge et la tente commence à sérieusement se vider. Un bref moment de lucidité me permet heureusement de me faire violence. Je n'ai pas fait tout çà pour bâcher à Sainte-Catherine ! Je m'y remets !
Il est primordial de retrouver un minimum de confort avant de retourner dans la nuit. La portion qui suit est la plus difficile du parcours. J'avais embarqué une sous-couche de rechange et il est temps de la mettre. La sensation du sec sur la peau est une bénédiction. Je vire également le tee-shirt manches courtes qui est trempé. Juste la sous-couche thermique et la veste. Un gars du stand Petzl, qui remplace royalement les piles usagées des frontales, m'aide à refixer les manches de ma belle Uglow. Le temps de repositionner le sac et je suis paré. Reste plus qu'à faire le plein.
Une bénévole me verse alors comme prévu un peu de thé chaud et de l'eau dans mes deux gourdes. Je cherche un truc sucré à avaler, mais le peu qui reste ne me fait pas envie. Je croque dans un gâteau avant de le recracher. Ça ne passe pas. Je commence même à être un peu brassé. Il faut vite que je reprenne la route.
Je sors donc du ravito en rallumant ma frontale, suivant un petit groupe. Nous passons devant des toilettes sèches peu ragoutantes. Heureusement, avec ce que je me suis mis comme Smecta dans le bide, je suis encore tranquille de ce côté-là. Nous longeons ensuite une sinistre file de bus où sont entassés les relayeurs et les abandons, qui attendent bien au chaud d'être convoyés vers Lyon. Les regards se croisent à travers les vitres. Avec un certain malaise.
Nous traversons très vite le village endormi de Sainte-Catherine pour attaquer un sentier bien escarpé qui déboîte d'entrée de jeu. A partir de là, on a droit à environ 6 bornes de grimpette (Brèle Fer et Grand Mont) avec des passages peu abrités où çà caille sévère. Et comme j'ai de moins en moins de compagnons pour m'abriter...c'est dur. Mon iPod me joue le spectacle de Gaspard Proust, mais même ses meilleures vannes ont du mal à me faire sourire.
Une petite descente me permet ensuite de me réchauffer avant d'attaquer la fameuse montée vers le Signal de Saint-André. Dès que la pente commence à s'élever, je suis largué par mon petit groupe. C'est donc seul, que je bataille pour avancer. Si je dépasse de temps en temps quelques personnes à l'arrêt, je me fais régulièrement doubler sans parvenir à m'accrocher. Je suis comme scotché. Je n'avance plus. Je me rends à l'évidence, après environ 35 bornes, je suis dans mon MUR.
Je manque d'énergie. C'est indéniable. J'arrive à boire sans soucis, mais rien de ce que j'ai embarqué comme solide ne me fait envie. J'ai alors un flash et me rappelle les bonbons Powerbar achetés lors du retrait des dossards. Je tente le coup et vide les sachets dans une poche accessible. Miracle, çà passe très bien. Je m'en enfile alors une dizaine à la chaîne et l'effet (certainement autant psychologique que physiologique) est immédiat.
Ce qui achève de me remettre sur de bons rails, c'est l'utilisation de mon deuxième "palliatif". J'avais éteint mon téléphone portable en début de soirée avant de le glisser dans la poche aimantée de ma veste. C'est le moment de le sortir, puisque je grimpe en marchant, et de l'allumer. Il se met alors à clignoter comme un sapin de Noël et je me délecte des messages d'encouragement qui apparaissent les uns après les autres. Trop bons ! J'ai la pêche :)
La très belle vue des lumières de Lyon à l'approche du sommet donne elle aussi du baume au cœur, tout comme les furieux du Trail des Coursières et leurs chaleureuses acclamations. Encore au top les gars, à plus de 5h du matin ! Je papote sur la fin de la montée avec un coureur super sympa qui n'en est pas à sa première Saintélyon. Nous sommes ravis tous les deux d'arriver enfin sur le toit de la course (930 m d'altitude), même si à un peu plus de 35 bornes, nous n'en sommes pas encore kilométriquement à la moitié.
Deux traileurs en souffrance me prennent alors pour un dingo quand je leur dis que le plus dur est derrière nous. Mais c'est un fait : je suis persuadé à cet instant, même si je manque bien entendu de lucidité, que rien ne m'empêchera d'aller au bout. Je suis comme shooté, sur un nuage, lorsque je reçois un SMS de mon oncle. Il s'inquiète visiblement pour moi, dans son lit, à 5h17. Adorable. Je le rassure et lui explique que je pense être vers 9h à Soucieu.
Le ciel est magnifique cette nuit. Je sais que j'ai beaucoup de chance pour ma première participation. Avec la pluie ou la neige, je n'ose imaginer la galère. Nous entamons la descente dans une portion dégagée avant de pénétrer dans ce que je crois être le Bois des Marches. Des banderoles sympas me font sourire quand une scène surréaliste m'interpelle. Quelqu'un a aménagé dans la forêt, juste à côté du chemin, un espace de repos avec un bon gros feu. Il me semble même qu'il sert à boire à ceux qui s'y arrêtent. Le grand luxe.
Souhaitant profiter au maximum de la phase euphorique dans laquelle je suis entré, je préfère continuer. C'est comme un bolide que j'engloutie ainsi les trois bons kilomètres de descente technique et boueuse. J'adore cet exercice et je double des dizaines de coureurs englués. Les jambes répondent bien et mes Trabucco accrochent parfaitement. Nickel.
Je rentre dans le petit ravitaillement de Saint-Genou après 6h33 de course (5282ème). Entre le temps perdu à zoner sur Sainte-Catherine et mon gros coup de moins bien sur les précédentes montées, je pensais être encore plus loin au classement. Ma descente a semble t'il un peu compensé le truc.
Parcouru : 40 km
Secteur 4 : Saint-Genou - Soucieu en Jarrest (11,2 km / D+ 209 m)
On m'avait prévenu, Saint-Genou c'est le mouroir de la course. Une grande partie de la tente est en effet réservée aux blessés et aux soins prodigués par les secours. Les chutes ont visiblement été légion sur la partie technique. Le confort est pour le reste plutôt sommaire. Ne voulant pas renouveler l'expérience de Sainte-Catherine, je décide de ne pas m'attarder. Je parviens difficilement à trouver l'espace suffisant pour m’asseoir sur le sol et me déchausser. Mes pieds ont tapé dans la descente et j'ai plusieurs ongles en sang. C'est depuis très douloureux sur chaque appui, mais j'ai une seconde paire de chaussettes dans le sac que j'enfile sur la première pour atténuer tout çà.
Une fois rechaussé je m'approche des tables pour que l'on remplisse mes gourdes. Ayant oublié d'éteindre ma frontale, je fais hurler le jeune bénévole en face de moi. Je ne dois pas être le premier boulet à lui en mettre plein les mirettes comme çà :)
Je ressors assez vite et reprends mon chemin. Un coup d’œil vers la zone de remplissage des flasques ne me fait pas regretter le choix des gourdes. Il y a la queue. Les gars sont en panique car le débit est à priori tout pourri.
Nous re-goutons alors au bitumes pour quelques belles bosses, courtes mais savoureuses. Ce 4ème secteur ne paie pas de mine sur la carte mais il est tout de même bien corsé en terme de dénivelé. Un Casimir illuminé nous accueille sur la traversée d'un joli hameau (Le Richoud me semble t'il). Je me sens bien, courant correctement sur le plat et en descente. Tout nickel. Je réalise par contre assez vite que le bénévole que j'ai aveuglé s'est (involontairement) vengé en mélangeant de l'eau gazeuse avec le thé dans mes gourdes. Le résultat est franchement abject...mais fera l'affaire.
C'est autour de 7h30 et du 45ème kilomètre de cette Saintélyon, alors que le jour commence à se lever, que mon genou gauche me lâche. Ma rotule déglinguée m'avait épargné depuis le printemps, mais elle n'a visiblement pas apprécié d'être tant sollicitée cette nuit. Le retour sur l'asphalte semble lui être fatal. La douleur ne m'empêche toutefois pas de continuer sur mon maigre tempo, et n'est finalement insupportable que sur le plat.
Je suis prêt mentalement à serrer les dents sur presque 30 bornes, mais j'envoie quand même un SMS à Julie pour qu'elle embarque avec elle mes semelles et ma paire de Mizuno "Route". Ma belle, mon oncle et ma tante ont en effet prévu de passer me voir sur la prochaine halte, du côté de Soucieu. Le lever de soleil, illuminant la plaine lyonnaise, est splendide. Un vrai régal qui vaut à lui seul d'être encore en course.
Après avoir sympathisé et bien discuté avec un gars sur la grosse grimpette du tronçon, je me lâche un peu dans les descentes en sous-bois humides. Sur l'une d'elles (certainement le Bois Bouchat), je dépasse une petite bande en difficulté de laquelle dépassent les oreilles des Lapins Runners. Emir ne semble pas très bien mais Carole répond gentiment à mes encouragements. Je lirai plus tard que le lapin avait les pieds en feu. Dur dur...
Chaque grosse montée est l'occasion pour moi de m'alimenter (boisson / bonbons) et de jeter un œil à mon téléphone. Il y a du monde devant l'excellent suivi live de la course. Les nombreux SMS reçus me font un bien pas possible. Je ne suis finalement pas seul du tout.
J'arrive au ravitaillement de Soucieu après 8h20 d'effort. Je suis 4973ème. Plus de 300 places de gagnées sur ce 4ème secteur...dont certainement beaucoup de coureurs qui ne sont pas repartis de Saint-Genou.
Parcouru : 51,2 km
Secteur 5 : Soucieu en Jarrest - Chaponost (10,1 km / D+ 190 m)
Comme pour marquer le retour à la civilisation, le ravitaillement est placé dans un grand gymnase. Plus de tente. Il y a beaucoup d'espace du coup et je suis surpris d'y trouver pas mal de relayeurs encore en course. Je fais juste le plein de liquide en échangeant mon thé gazeux contre de l'eau. J'ai hâte de retrouver des visages connus et je file donc rapidement, un SMS de Julie m'indiquant qu'ils sont dans les parages.
Effectivement, une bonne cinquantaine de mètres plus loin, ils m'attendent tous les trois dans un virage. Trop bien de voir ma belle, mon oncle et ma tante. Je leur donne des nouvelles sur mon état, qu'ils trouvent étonnamment frais, et change donc de chaussures (et semelles). J'en profite aussi pour me délester de quelques trucs comme ma tenue sale, histoire de finir plus léger. Ces retrouvailles sont courtes, car j'ai peur de ne plus pouvoir décoller, mais franchement top. Je les ai sentis émus par mon aventure et çà m'a touché.
Ce 5ème tronçon, pourtant le plus court et le moins bosselé, m’apparaît interminable. Il faut dire que je n'ai plus beaucoup d'essence et que le moteur commence à être bien grippé. Le changement de godasses n'a pas d'effet miraculeux puisque le mal est déjà fait. Mon genou me lance de plus en plus et m'oblige à courir comme un centenaire sur le plat. Et pour arranger le tout, sur une partie bien boueuse en forêt où j'essaie d'envoyer un peu, mon pied droit se dérobe et je me vautre comme une grosse m.... ! La grande classe. Ça a le mérite de me faire sourire...
La zone du Garon et sa traversée sur un joli petit pont sont mes seuls souvenirs vraiment agréables du secteur. Avec les dix minutes parcourues à côté de mon troisième "copain" de course, un quadra lyonnais bouclant l'épreuve pour la deuxième fois. On a bien rigolé en croisant les joggeurs en fluo du dimanche matin avec nos mines déterrées et nos tenues boueuses.
Parce que c'est effectivement la nouveauté perceptible du moment : La matinée est bien avancée et il y a de la vie dans les zones que nous traversons. Beaucoup de cyclistes ou promeneurs s'arrêtent ainsi régulièrement pour nous glisser quelques mots sympas et nous renseigner sur le terrain à venir. Les supporters, et notamment les enfants de coureurs, sont de plus en plus présents, avec de belles banderoles personnalisées.
Il y a deux bons kilomètres entre les premières maisons de Chaponost et la salle dédiée à l'ultime ravitaillement. Trop long. Seule Julie était censée m'y retrouver, mais j'ai la belle surprise de voir mon Oncle m'attendre à 500 mètres de l'entrée. Il trottine alors avec moi jusqu'à ma belle et ma tante. Un vrai plaisir partagé. Je sens bien qu'il n'en faudrait pas beaucoup plus pour qu'il rechausse les runnings et participe à nouveau à ce genre d’événements.
Je dis cette fois au-revoir et merci pour de bon à nos hôtes du weekend-end. Ils ont un impératif en fin de matinée et doivent vite filer. Un baiser à ma chérie et je rentre dans le ravito. J'en suis à 10h04 de course et suis pointé 4779ème. 200 places de gagnées, certainement sur mon arrêt éclair à Soucieu.
Parcouru : 61,3 km
Secteur 6 : Chaponost - Lyon (10,8 km / D+ 232 m)
Un jeune bénévole me fait bien rire sur le ravitaillement. Alors que je m'approche de la table, il me demande en effet d'où je viens et s'étonne de la distance parcourue. Il a voulu aider mais ne semble rien connaitre de la Saintélyon. Histoire de fêter cette dernière halte, je lui demande de me remplir une gourde de coca. C'est alors que je réalise, en le voyant faire, que l'organisation a opté pour du Pepsi Max sur l'ensemble du parcours. Un choix curieux (sur lequel Extra Sport fera son mea culpa) de donner de l'aspartame à des sportifs en mal de sucre...
La sortie de cette grande salle débouche sur le très joli parc du Boulard. L'entame de cette portion est donc bien sympathique et bucolique, avant de basculer sur une humide ballade le long d'un étang, puis d'un ruisseau. Le tout ponctué par un joli coup de cul sur lequel j'écoute un touchant message d'encouragement de ma petite Manon. Mon dieu que c'est bon...
Une partie plus agréable et ensoleillée nous emmène ensuite vers le secteur de Beaunant. Je distingue au loin les quartiers Est d'Oullins où j'ai passé beaucoup de temps dans mon enfance. Nous n'empruntons que des faux-plats sur lesquels on peut courir sans soucis. J'aime bien ce coin de campagne en bord de ville. Il doit y faire bon vivre. Mais trop concentré sur le paysage, je zappe le balisage de la course et file tout droit sur une intersection. Heureusement qu'il y a un coureur 20 mètres derrière moi pour m’interpeller et me remettre sur le bon chemin. Quel caramel je peux être des fois...
Arrive alors la célèbre montée de l'Aqueduc. Un raidillon de plusieurs centaines de mètres et une pente à plus de 16%. Avec 65 bornes dans les jambes, on a tout simplement envie de pleurer lorsqu'on se retrouve au pied du truc. J'y perds ce qu'il me restait de lucidité et prends un stupide coup de chaud en ayant la flemme de retirer ma veste. Je monte alors au ralenti, luttant et grognant sur chaque pas. J'arrive en haut complètement cuit, au propre comme au figuré.
C'est là que les (gentils) organisateurs nous ont réservé une cruelle surprise. Plutôt que de nous faire basculer sur les quais, ils nous font redescendre dans la partie basse du parc de Sainte-Foy, sous l'accrobranche, et bien entendu remonter encore sur un nouveau casse-pattes, certes plus court, mais terrible. Malgré les encouragements de ceux qui me doublent, je suis dans le dur. Plus de gasoil. La panne sèche. Je m'étais fixé le challenge de terminer sous les 12h en quittant Chaponost, mais je pense devoir y renoncer.
Je croyais être physiquement HS, mais la descente des fameux escaliers de la Mulatière va me faire relativiser. Car si mon genou et mes quadris me font sérieusement couiner, je peux progresser en trottinant, ce qui est loin d'être le cas de tout le monde. Les 200 marches qui mènent au bord de la Saône ont en effet des allures de cour des miracles. Les différentes techniques utilisées par les coureurs présents, de la marche arrière aux pas chassés accroché à la rambarde, sont saisissantes. Les organismes sont touchés. Et les têtes aussi comme en témoignent les râles et les cris qui résonnent sur le béton.
C'est peu après, en longeant le fleuve que je suis submergé par l'émotion. Honnêtement, je ne pensais pas arriver jusque là avec mon petit niveau de traileur en carton. Un peu pudique concernant mes émotions, je suis content que çà vienne à cet endroit, à l'abri des regards. Un "Putain, je l'ai fait !" sort droit de mes tripes. J'ai tout à coup des frissons et les yeux bien humides.
Je remballe cependant mes larmes pour me concentrer sur la fin du parcours. Un petit escalier métallique nous permet d'accéder à la route qui enjambe le fleuve. J'y suis témoin d'une jolie scène, puisque deux concurrents portent leur pote, incapable de monter, en lui promettant qu'il ira au bout du truc. Magnifique.
Le final nous fait longer l'autoroute au niveau du musée de Confluences avant de traverser le Rhône par le très joli pont Raymond Barre, réservé aux tramways et aux piétons. Il fait super bon et de nombreux spectateurs y sont massés, profitant des bancs ensoleillés pour guetter leurs proches ou simplement regarder les fadas en terminer avec leur périple.
Un dernier virage au milieu d'une foule joyeuse et je rentre dans l'enceinte de la Halle Tony Garnier. Un corridor de barrières d'une centaine de mètres interdit au public (et réservé aux photographes) nous offre trente secondes de calme avant de pénétrer dans la salle principale. Ludo Collet, la voie du trail, est encore à fond. Comme pour boucler la boucle, la sono joue "Light my way" de U2 quand je passe sous l'arche.
Je repère immédiatement ma belle derrière des panneaux et je file l'embrasser. Trop bien. Elle m'annonce que j'ai franchi la ligne en 11h57. Ma 4742ème place est anecdotique. J'ai du mal à réaliser que c'est fini. Bien sur je suis conscient que ma performance chronométrique est très moyenne (pour rester positif), mais l'essentiel est ailleurs : J'ai terminé ma première course "longue" et j'y ai surtout pris un plaisir dingue.
Parcouru : 72,1 km
Le précieux tee-shirt finisher récupéré, je me pose un moment au ravito final. Julie me fait alors passer du citrate de bétaïne, mais c'est trop tard, mon système digestif s'est relâché et je ne suis pas bien. Franchement, je n'en veux pas du tout à mon bide, qui a tenu le coup pendant presque 12h sans broncher. Et après dix bonnes minutes pas super confortables, mes intestins se vident enfin par le haut pour me remettre d'aplomb. "Vomir c'est repartir" disent les fêtards, mais moi, je vais me contenter de ces 72 bornes ;)
Après une bonne douche bien chaude, je retrouve ma chérie dans la Halle. Beaucoup de coureurs sont assis, en famille ou en solo, pour se reposer un peu. Nous les imitons et nous installons dos au mur, face à l'écran géant, sur lequel j'ai juste le temps de voir la remise des prix et l'arrivée des Lapins Runners, avant de m'endormir, la tête sur mon sac.
Julie me laisse gentiment dormir un peu, avant que je sois pour de bon décidé à filer. Nous marchons jusqu'à la voiture et c'est un sacré plaisir que de retrouver le soleil. J'ai vraiment été gâté par la météo pour cette première Saintélyon. Je ne serais surement pas arrivé jusque là avec de la neige et de la pluie. C'est donc des étoiles et des souvenirs plein la tête que je somnole tout le long du trajet retour, avec une halte au McDo qui confirmera un net regain de forme au niveau intestinal. J'ai perdu environ 2,5 kilos sur la course (essentiellement de l'eau), il faut bien commencer à les reprendre !
Cette Saintélyon a été une véritable aventure, comme en témoigne ce long récit non exhaustif. En presque 12h, on vit beaucoup de choses et on passe par tous les états. Même si j'ai souvent tendance à m'emballer à chaud, j'ai gravement accroché avec ce format de course, où la gestion (morale et physique) est primordiale. Je trouve çà bien plus intéressant que des épreuves courtes disputées à bloc de bout en bout. Et j'ai très envie d'y goûter à nouveau...
La course de nuit ne m'a pas posé de gros problèmes. Même si j'ai eu un bon coup de mou autour de Sainte-Catherine, je n'ai jamais senti le besoin de sommeil. L'excitation et l'adrénaline m'ont porté. J'ai souvent entendu que la Saintélyon était idéale pour basculer vers les "longues distances". Je suis d'accord si l'on est physiologiquement capable de partir à minuit et si les conditions climatiques sont clémentes comme cela a été le cas pour moi.
Je ne peux que terminer en remerciant chaleureusement tous ceux qui m'ont soutenu avant et pendant l'épreuve, avec une mention spéciale pour John, qui n'a pas du beaucoup dormir... Merci mille fois à Didier et Mylène (mon oncle et ma tante) pour l'hébergement et leurs encouragements. Et de gros gros bisous à ma chérie, qui m'a supporté (dans tous les sens du terme) avant, pendant et après le truc. Ça a été un vrai bonheur de partager çà avec toi :)
Malgré une météo apocalyptique, nous étions tombés sous le charme du Lac des Vernets et de ses environs l'an passé lors de mon premier S. Nous avons donc logiquement embarqué ce dimanche, avec Jérôme et nos chéries respectives, pour un petit pèlerinage dans la Drôme. Histoire de (re)découvrir le coin sous le soleil et de poursuivre ma réconciliation avec le triple-effort.
Les distances : 750 mètres de natation, 20,8 kilomètres de vélo et 5,4 kilomètres à pied.
Le compte-rendu :
Malgré l'horaire tardive du départ de la course (14h30), nous décollons de chez nos amis dès 8h30, pour garder un peu de marge en ce bouchonneux week-end de chassé-croisé estival. Nous ne rencontrons finalement qu'un petit ralentissement sur l'A7 du côté de Valence et arrivons sur place peu après 11h.
La météo est idéale : Pas de vent, un beau soleil, mais pas trop chaud. Nous trouvons une très belle place à l'ombre, sur les berges pelousées du lac, idéalement positionnée entre l'eau et le petit village dressé par les organisateurs. Pendant que les filles s'y installent, nous filons Jérôme et moi retirer nos dossards.
Comme à Alès, nos numéros n'ont rien à voir. Notre technique d'inscription simultanée ne porte décidément pas ses fruits. Deux cadeaux ont été glissés dans l'enveloppe : Un très beau bonnet de bain en silicone et une gourde à main. Le PAV n'ouvrant ses portes qu'à 13h10, nous n'avons plus qu'à patienter tranquillement, les fesses posées sur nos serviettes.
L'ambiance est très familiale autour du plan d'eau. En plus des concurrents et de leurs accompagnants, de nombreuses familles du coin sont venus faire trempette, jouer aux boules et pique-niquer à la fraîche. Nous les imitons sur ce dernier point, en avalant une salade de pâtes, devant des courses enfants toujours aussi émouvantes.
13h10. C'est bon, le PAV est accessible. Comme à son habitude, mon Jéjé file tel une fusée pour s'y installer parmi les premiers. Je traîne moi encore un moment sur l'herbe, attachant soigneusement le dossard sur ma ceinture et positionnant le numéro sur ma tige de selle.
Quelques minutes plus tard je me décide à rejoindre mon emplacement. Un jeune triathlète en herbe s'occupe de mes tatouages avec application (même s'il ne comprend pas pourquoi je le prends en photo) avant que les arbitres ne m'autorisent à pénétrer dans le parc. Leur principal contrôle concerne la présence de bouchons aux extrémités du guidon. Tout est OK pour moi.
J'aime beaucoup le PAV atypique de ce tri des Collines. Il est situé à l'ombre de grands arbres, sur une parcelle de terre qui tranche avec le traditionnel bitume. Je dois le traverser pour trouver ma place, très proche de la sortie et facile à repérer. Les nombreux vélos déjà positionnés sont impressionnants. Mon vieux Look fait franchement tâche à côté de ces monstres technologiques. Mais j'en ai désormais l'habitude...
Une fois tout notre attirail en place, nous ramenons le superflu dans la voiture avec Jérôme, histoire de ne pas encombrer nos fidèles supportrices. Un passage aux toilettes (jamais le meilleur moment de ces rassemblements) et vient le temps d'aller goûter l'eau du lac. Comme attendu, la température est bien trop élevée pour que les combinaisons soient autorisées. Ca ne me contrarie pas plus que çà sur 750 mètres.
14h10. Nous barbotons depuis un moment, au milieu d'une flopée de triathlètes et de baigneurs du dimanche, lorsque les organisateurs nous rappellent sur le rivage. C'est l'heure du briefing. La présence d'un petit parc aquatique gonflable sur le plan d'eau les a contraint à modifier le parcours. Nous aurons deux bouées à contourner main droite, la dernière étant située à l'autre extrémité du lac.
14h20. L'arbitre principal ayant terminé son discours, le speaker nous invite par un geste à retourner faire trempette. Les canoës se mettent alors immédiatement en route pour prendre un peu de distance. Le truc rigolo c'est que certains concurrents prennent tout çà pour le départ et filent comme des avions. Il leur faudra 50 bons mètres pour réaliser qu'ils se sont défoncés... pour rien :)
14h30. Positionnés derrière deux compatriotes du MAT, nous sommes en plein dans la meute, légèrement sur la gauche de la plage, lorsque claque le coup de feu. 250 triathlètes qui se jettent dans l'eau, çà fait de la mousse ! La ligne droite qui mène à la première bouée est logiquement bien encombrée. J'arrive malgré tout à poser rapidement mon crawl, sans prendre trop de coups. Juste quelques costauds que j'ai du mal à contourner.
Une fois le virage effectué en direction du second flotteur, je profite de l'absence de combinaison pour brasser. Je suis naturellement bien plus doué pour cette nage, grâce à la propulsion des deux jambons de Bayonne qui me servent de cuisses. Mes longues coulées me permettent en plus de récupérer au niveau du souffle.
Je me rends vite compte que je ne perds pas de terrain sur les concurrents autour de moi, et que j'en gagne même sur certains. Si la brasse est inconfortable et moins efficace (à cause du gain de flottabilité) en combi, elle m'apparaît désormais comme une super alternative sans le costume de néoprène.
Bien entendu, j'ai conscience qu'il faut préserver au maximum ses jambes avant le vélo et la course à pied. C'est pourquoi je m'en remets au crawl pour le long retour qui succède à la deuxième bouée. Même si je pioche un peu sur les 100 derniers mètres, c'est plutôt avec de bonnes sensations que j'en termine et que je regagne la terre ferme. Mon chrono est le 91ème (16'15). Il comprend à priori une transition qui s'est déroulée sans encombre.
Je grimpe donc sur mon fidèle destrier, pas du tout entamé, pour les 21 petits kilomètres du parcours. Le point positif c'est que ce dernier n'a pas changé depuis l'édition 2015 et que je l'ai bien en mémoire. Du coup je sais que se présentent d'entrée de jeu trois bornes super roulantes. J'envoie alors tout ce que j'ai, doublant quelques concurrents, avant de lever le pied à 500 mètres du début de la grosse bosse.
C'est sur le passage le plus compliqué, à plus de 10%, que Jérôme me double en me glissant son traditionnel mot d'encouragement. Deux catégories de triathlètes se distinguent alors aisément sur la route, avec d'un côté les grimpeurs confirmés qui montent comme des avions, et de l'autre côté les enclumes à la peine, comme moi, écrasés sur leurs montures au ralenti.
Je me fais donc logiquement doubler par tout un tas d'excellents cyclistes (mais moins bon nageurs) et perd très vite de vue mon Jéjé. J'ai quand même la sensation d'avoir limité les dégâts en serrant les dents, lorsque j'amorce la descente au 11ème kilomètre. Si celle-ci m'était apparu horriblement technique sous la pluie l'an passé, je la trouve bien moins effrayante ce coup-ci par temps sec. Malgré quelques frayeurs sur deux jolies épingles, j'y ai de bonnes sensations. Le pilotage commencerait-il à venir ?
Aucun souci ensuite sur la dernière partie roulante. Les jambes répondent bien, et je prends soin de faire quelques étirements lorsque nous nous rapprochons du lac. Je me suis rigoureusement hydraté tout au long du parcours, avec une bonne gorgée toutes les 7-8 minutes. Mon bide va bien. C'est une réelle satisfaction. Mon 128ème temps vélo + T2 n'est pas glorieux (48'49) , mais je pourrai difficilement faire mieux sur ce genre de tracé sans travailler les grimpettes et perdre du poids. Il n'y a pas de secret...
Un petit coucou à Julie, un verre d'eau attrapé au ravito et me voilà parti pour les 10 bornes de course à pied. Je comprends vite que je vais plafonner à 10-11 km/h. Les jambes sont dures et je me sens très lourd, malgré un cardio qui parait très bien. La première partie, au bord du lac, est plutôt étrange, puisque nous galopons au milieu de vacanciers qui jouent aux cartes, à la pétanque ou sont en plein goûter, sans trop faire attention à notre défilé.
Arrive ensuite la portion que je préfère, un véritable mini-trail dans les bois. Pas de gamelle pour ma pomme cette année, mais des relances très laborieuses. Plusieurs fusées me dépassent, je suis à la peine. J'avais embarqué la gourde à main offerte avec le dossard, mais l'eau à l'intérieur a pris un goût de plastique. Horrible ! Le ravitaillement à mi-parcours me fait donc beaucoup de bien. Les bénévoles y sont en plus adorables.
Même si je rattrape quelques concurrents en grande difficulté, je suis très très loin d'être aérien sur le dernier tronçon de bitume. Je n'arrive pas à revenir sur un groupe d'une dizaine de coureurs à seulement 200 mètres devant moi. Dur dur.
La traversée du ruisseau annonce la fin. Encore 500 mètres d'effort. Les organisateurs ont fait le choix (pervers ?) de nous faire longer le ravitaillement de l'arrivée sur une ultime petite boucle. La vision de la pastèque me donne des ailes et c'est donc au sprint que j'en termine. Je franchis la ligne en 130ème position (1h35'53). Comme d'habitude, ma performance en course à pied à bien plombé l'ensemble (30'48 - 141ème chrono).
Toujours à la recherche de sensations, je suis satisfait de ma course. J'ai amélioré mon temps de l'an passé de près de trois minutes. Je n'ai pas la caisse pour viser plus haut pour le moment. Jérôme est lui allé cherché une très belle 82ème place. Il me met presque huit minutes dans les dents (1h28'10). Nous filons dans l'eau pour refroidir les moteurs et débriefer nos courses. Une habitude que l'on a prise et l'un de mes moments préférés.
Un grand bravo aux staff du TC des 2 Rives. Ce triathlon des Collines est un vrai bonheur. Le lac et les différents parcours sont magnifiques. L'ambiance y est à la fois familiale et sérieuse. Un mix parfait. Et toujours un grand bonheur de partager çà avec mon pote et nos chéries.
Me concernant, je dois me rendre à l'évidence, je plafonne en milieu de classement sur les S lorsque le vélo propose une réelle difficulté. Si je veux franchir un pallier (l'an prochain ?), il va me falloir travailler sur la selle, et limiter les excès estivaux. Mais est-ce digne d'une feignasse épicurienne ? Pas certain que l'arrêt McDo sur le retour aille dans ce sens... ;)
Histoire de digérer au plus vite la défaillance du Salagou, je suis redescendu d'un cran au niveau du format pour participer au S du Gardon, malgré un départ programmé pour 12h30 en pleine canicule. Je me suis fixé pour unique objectif de terminer la course avec le sourire. Sans aucune ambition chronométrique.
Les distances : 750 mètres de natation, 23 kilomètres de vélo et 5 bornes de course à pied.
Le compte-rendu :
L'une des caractéristiques du triathlon d'Alès, c'est le côté confidentiel de son organisation. La communication autour de cet évènement est tellement discrète qu'il a en effet beaucoup de mal à faire le plein d'athlètes. L'avantage c'est que du coup, il est inutile de s'inscrire des semaines ou des mois à l'avance. J'ai ainsi pu attendre le tout dernier moment pour confirmer à Jérôme que je me sentais à peu près apte pour une petite virée cévenole.
Le mois qui s'est écoulé depuis le désastre intestinal du Salagou a été un véritable calvaire. Plombé par la chaleur, j'ai bien mis dix jours à me remettre sur pied après mon abandon, avant de connaitre un nouveau coup de pompe physique (et mental) une grosse semaine plus tard. Un peu inquiet, j'ai préféré faire un check-up médical complet (sang, écho, scanner, urine) qui n'a rien décelé, si ce n'est une grosse fatigue. Ouf...
Voilà donc comment j'ai pratiquement zappé toute forme d'entrainement durant ces quatre semaines. Et c'est avec un foncier proche du néant et l'énergie d'une amibe vigoureuse que je sors du lit ce dimanche matin. Mais peu importe. Comme déjà écrit plus haut, je souhaite simplement me réconcilier avec le triple-effort sur cette course. Je veux également me concentrer sur l'alimentation et l'hydratation, dont je mesure désormais l'importance, surtout si je souhaite repartir plus tard vers des distances plus élevées.
Bien qu'il ait glorieusement fait ses gammes sur la distance L, mon Jéjé est partant pour m'accompagner sur ce S du Gardon. Pas spécialement emballée par le cadre de la course, Julie reste elle aujourd'hui tranquillement au frais. Nous ferons ainsi sans supportrices ni photographes attitrées pour cette fois-ci. Je passe prendre mon binôme sur Quissac vers 10h, après avoir soigneusement déjeuné. Je progresse.
Nous atteignons le parking principal trois quarts d'heure plus tard. Un pont à traverser, un escalier à descendre et nous voilà sur les berges d'Alès-Plage. Le coin dédié au retrait des dossards est bien sympa. Une atmosphère de paillotte, avec terrasse donnant sur le sable, structures gonflables et téléski nautique. Ca contraste avec le paysage environnant. Les bénévoles, très agréables, nous remettent notre barda en annonçant environ 130 inscrits. A peu près autant que sur le M, parti tôt ce matin, dont nous regardons le gros des concurrents en finir avec le vélo.
La PAV n'ouvrant ses portes qu'à 11h45, je m'octroie une pause pipi dans les fourrés. Nous patientons ensuite à l'ombre, sous le pont, où je ne résisterai pas bien longtemps à l'odeur fétide des poubelles. Pas glop du tout. Je suis le seul représentant du VO2 inscrit que le S, mais je croise quand même quelques têtes connues qui ont hâte d'en découdre.
11h45. Après le tatouage de rigueur, Jérôme est le premier à se présenter pour pénétrer dans le parc. Le temps d'enfiler mon casque, de mettre la ceinture et je lui emboite le pas. Nos emplacements sont proches de l'autre extrémité, contre le grand mur. Malgré nos inscriptions synchronisées sur Internet, nos numéros de dossards ne se suivent pas et nous ne sommes donc pas l'un à côté de l'autre. Tant pis.
Comme toujours, je prends mon temps pour étaler le bazar, pour papoter avec mes voisins et, grande nouveauté, pour terminer mon gâteau sport. Je ne veux pas de défaillance aujourd'hui !! La chaleur est étouffante. Pas un brin d'air. Je dépose mes sacs à la consigne puis file rejoindre Jérôme dans l'eau, la combinaison sous le bras.
Contre toute attente, la flotte est plutôt fraiche. Le néoprène est donc autorisé et les quelques concurrents qui ont préféré s'en passer à cause de la météo doivent le regretter. La longue trempette qui précède le briefing est un vrai bonheur. On ne peut pas parler d'échauffement. Bien au contraire. La petite nouveauté du jour c'est que j'enfile le bonnet par-dessus l'élastique des lunettes. Une astuce lue dans la semaine qui limiterait les risques d'arrachage dans la bagarre. Pas idiot du tout...
12h20. Les organisateurs nous rappellent vers le bord. Les traditionnelles consignes y sont rapidement données. Nous nous dirigeons ensuite vers le début du parcours. Celui-ci se déroulera sous la forme d'un aller-retour, avec deux chenaux séparés par une ligne de bouées. Je me place aux avant-postes, à la corde, derrière quelques gars qui me semblent bien costauds. Nous n'avons pas pied. De nombreux spectateurs sont massés sur le pont qui nous surplombe. La pression monte mais je me sens bien.
12h30. Le départ est donné et je produis un gros effort sur les 50 premiers mètres, avec très peu de respirations. Bien calé sur le côté gauche de la petite meute, longeant les bouées, je suis en fait assez peinard. Les bolides devant moi me lâchent très vite, et ceux qui veulent me doubler prennent la peine de bien me contourner. C'est parfait. Je ne prends aucun mauvais coup et peux alors poser mon crawl en deux temps.
Les sensations jusqu'au point de demi-tour sont excellentes. Ce n'est qu'après le virage que je commence à piocher. Cela fait trop longtemps que je n'ai pas fait de longueurs en piscine. Il n'y a pas de secret. Je me cale toutefois derrière deux nageurs corrects en cherchant à suivre leur sillage, toujours à l'intérieur.
Au milieu de cette phase retour, j'entends plusieurs fois le sifflet strident d'un arbitre juché sur son canoë de l'autre côté des bouées, un peu derrière moi. Je finis par sortir la tête de l'eau et me retourner, pour voir qu'il s'adresse en fait à Jérôme ! Mon binôme, plus concentré sur sa nage que sur son orientation, a en effet dérivé dans le mauvais chenal et fonce sur l'embarcation !
Le temps de digérer un inévitable fou rire et je me remets à l'ouvrage pour en finir avec cette natation. Je sors de l'eau en 12 minutes et 59 secondes. Un bon 45ème chrono pour moi. Si je n'ai aucun souci pour enlever le haut de la combinaison en courant, je galère un max pour retirer le bas et gaspille ainsi du temps. C'est donc un peu speed et agacé que je mets le casque, la ceinture et les chaussures. Je décroche mon vélo et fonce hors du PAV en oubliant la gourde fraiche placée dans un petit sac isotherme. Le boulet...
Mon Jéjé et moi enfourchons nos engins en même temps. Je fais l'effort de caler mon allure sur la sienne le temps d'atteindre le pied de la première bosse. Sachant que celle-ci dure près de six bornes, je le laisse ensuite filer pour monter à mon rythme. Comme je pouvais m'y attendre, je plafonne assez rapidement, étouffé par la chaleur. La gourde qui était fixée à mon vélo est pleine d'eau chaude, mais je m'astreins quand même à en boire une gorgée très régulièrement. Logiquement, je me fais pas mal doubler, même si je reprends tout de même quelques grosses cuisses en difficulté.
La dernière (très jolie) portion de cette ascension est un véritable casse-pattes forestier et j'arrive donc en haut complètement cramé. Je pensais pouvoir récupérer dans la descente. Que nenni ! Très abrupte, elle est en fait composée de virages très techniques regorgeant de graviers. Tout ce que j'aime ! C'est encore une fois debout sur les freins et super crispé que je lutte pour ne pas finir par terre, ou pire, dans le décor. Je laisse passer quelques voltigeurs, mais un autre gars refuse de me doubler et m'avoue en souriant qu'il est au moins aussi mauvais pilote que moi. Excellent :)
M'étant épuisé nerveusement en descendant, j'arrive à plat sur la deuxième et dernière grimpette au programme. Plus d'essence dans le moteur. Un coup d'oeil devant et un autre derrière moi me permettent de voir que je ne suis pas le seul. Certaines féminines sont même en grande souffrance. Le manque d'air et la température renvoyée par le bitume n'aident pas.
J'en termine quand même avec cette ultime bosse, tant bien que mal. Et par bonheur, nous enchainons par une longue descente bien plus adaptée à mon profil. Un bon revêtement, une route large et de la visibilité. Avec en plus un virtuose de la trajectoire quelques mètres devant moi pour me servir de poisson-pilote. Nickel. Mon compteur est HS. C'est bien dommage car j'y ai certainement battu mon record de vitesse.
Le temps d'avaler ensuite la très roulante partie finale sur les berges du Gardon et j''arrive à la ligne de descente du vélo. J'ai passé tout juste 58 minutes sur la selle pour parcourir les 23 kilomètres. Un chrono très moyen puisqu'il sera le 74ème parmi tous les concurrents. Mais l'essentiel est là : Je suis encore en état de terminer proprement ce triathlon.
En effet, aucun problème intestinal ne vient me contrarier lors de la seconde transition. Je m'applique tout de même à bien y boire, quitte à perdre quelques secondes de plus, avant de chausser mes runnings et de partir courir. Enfin...trottiner plutôt.
Avec la canicule qui sévit et un parcours exclusivement au soleil, les organisateurs ont mis en place plusieurs ravitaillements. Une bien bonne initiative. Je m'arrête à chacun d'entre eux pour prendre un gobelet, en boire une gorgée et m'asperger avec le reste d'eau. Malgré cela, les conditions sont très dures. Je me cale péniblement au-dessus des 10 km/h. Certains bon coureurs me reprennent, mais je dépose également pas mal de personnes à l'arrêt. Les organismes souffrent terriblement. Et nous ne sommes que sur un S....
Le tracé est en aller-retour, et je croise Jérôme après environ un kilomètre. Il me semble encore bien frais et m'impressionne. Je lui glisse qu'il doit être dans les trente premiers. Je ne me trompe pas puisqu'il terminera 27ème le bougre ! Une tape dans la main et je me reconcentre sur ma tâche.
Les bénévoles sont extraordinaires malgré la chaleur. Toujours le sourire, toujours des encouragements. Un grand grand merci à eux ! Avec une mention spéciale pour ceux en faction sur le demi-tour. J'y arrive cuit à point et leurs ondes positives me font autant de bien que leur boisson.
Le retour se passe sans encombres, et même si ma performance est loin d'être glorieuse, j'atteins la ligne sans avoir explosé. J'en suis ravi, et je fête çà en m'enfilant l'équivalent d'une pastèque sur le buffet d'arrivée. J'ai bouclé les 5 kilomètres en 25 minutes et 29 secondes. Je termine ainsi ce triathlon en 1h39:23, à la 70ème place.
Cette opération de réconciliation avec le tri a donc été un franc succès, non pas sur le plan de la performance, mais sur celui du plaisir, bien plus important pour moi. Ca fait du bien de reprendre la voiture avec l'estomac à l'endroit...
PS : Les photos utilisées pour ce billet proviennent pour la plupart de la page Facebook du club d'Alès
Avec son cadre magique, plus de 2500 participants sur l'ensemble de ses courses et une organisation sans failles, le triathlon du Salagou est devenu l'évènement incontournable de la région pour les amateurs du triple-effort. La distance S étant cette année dédiée à un challenge Entreprises, l'occasion était parfaite pour se lancer sur un format olympique (M) légèrement raboté.
Les distances : 1200 mètres de natation, 40 kilomètres de vélo et 9 bornes de course à pied.
Le compte-rendu :
C'est sous un soleil caniculaire que nous prenons la route des Hauts Cantons avec Julie. Nous ne sommes que le 6 juin, mais l'été semble déjà définitivement installé sur l'Hérault. La chaleur est étouffante mais je me sens bien, après une semaine light consacrée à la récupération. Les efforts consentis à Argelès ont été digérés.
Retenu par son boulot, Jérôme n'a pu se joindre à moi pour ce premier M. Un SMS bien sympa reçu sur le trajet m'indique toutefois que mon sherpa m'accompagne par la pensée.
Nous y sommes ! La taille des parkings donne le ton. Les immenses champs réquisitionnés autour de la base nautique sont en effet bondés et les bénévoles du MAT donnent de la voie pour gérer la circulation. On entend au loin la sono. L'impression de se rendre à un festival de rock.
15h40. Nous sortons tout le matériel du coffre, je gonfle les pneus de mon bon vieux Look et nous filons gaiement vers le "village". Il est encore plus grand que l'an dernier. Food-trucks, boutiques, espace VIP et tentes diverses forment une véritable fourmilère. Je croise et salue pas mal de connaissances et de gars de mon club. L'ambiance est très bon enfant. Le départ est programmé pour 17h.
Le retrait du dossard se passe sans encombre. Zerod fournit cette année encore un excellent bonnet. Le top. Sur le chemin du parc à vélos nous récupérons les autres lots, un joli tee-shirt et une bouteille de vin, aux stands concernés. Je tombe alors sur Jean-Noël, le collègue de boulot qui a fait le tri de la Grande-Motte avec moi. On s'est inscrit ensemble sur ce M et on en parle chaque jour depuis des semaines. Et ben voilà...y a plus qu'à !
16h10. Tatoué et casqué, je rentre dans le PAV. Il est immense, puisque prévu pour contenir plus de 1000 engins en même temps. Mon emplacement est en plein milieu, mais j'ai un excellent repère puisque je suis pile en face d'une énorme enceinte. Je prends le temps de bien préparer mon bazar et change plusieurs fois d'avis sur l'équipement de réparation à embarquer. J'opte finalement pour une chambre et un kit CO2 placés sous la selle. Pendant ce temps-là Julie cuit sous le soleil derrière une barrière. Nous aurions dû convenir d'un lieu à l'ombre où se retrouver. Mais là il y a tellement de monde que se perdre de vue est risqué.
16h30. Mon matos est en place. L'excellente musique passée par le DJ est interrompue pour un message adressé par l'arbitre principal. Mon coeur palpite à l'idée d'entendre l'interdiction de la combinaison. Mais son speech concerne finalement les pénalités qui seront adressées aux athlètes qui laisseront dans le PAV des affaires non spécifiquement destinées aux transitions. Ce que je ne savais pas, c'est qu'aucun signe distinctif ne doit permettre de trouver plus facilement son emplacement. J'avais placé un sac à chaussures jaune fluo sur l'avant de ma caisse dans ce but, m'étant lamentablement perdu sur les deux précédents tris. Etant sur le point de sortir du parc lors de cette annonce, je prends le risque de le laisser.
16h45. Un passage à la consigne, un dernier bisou à ma supportrice dévouée et nous enfilons nos combinaisons, les pieds dans l'eau. Il fait une chaleur à crever. Un truc de fou. Nous nous enfonçons vite dans la flotte pour refroidir le moteur avec JN. Bien avisés, les organisateurs du MAT et les arbitres nous permettent d'y rester pendant le briefing. Je regarde autour de moi....et c'est impressionnant. Nous sommes environ 530 inscrits sur ce M. Jamais je n'ai connu çà !
17h. Deux bouées seront à contourner par la droite. Une forme d'angoisse est palpable. Tout le monde semble flipper à cause du programme à venir et des conditions météorologiques. Nous nous souhaitons tout de même une bonne course avec Jean-Noël. Ca a été un vrai plaisir de partager la mise en route avec lui. Toujours pas rebuté à l'idée de bastonner un peu, je tente de me rapprocher de la tête de meute lorsque le départ est donné, un peu par surprise. C'est parti pour 1200 mètres !
Les 30 premiers sont plutôt drôles, puisque l'on peut y courir. Le spectacle est sympa avec un demi-millier de gars qui courent ou nagent, dans un joyeux bordel. Les cailloux qui tapissent le fond à cet endroit-là donnent quand même vite l'envie de se positionner à l'horizontale. Un dernier coup d'oeil autour de moi, de l'eau jusqu'au torse et je me mets à nager.
Je m'attendais à une sacré bagarre vu le nombre de participants, mais l'espace offert par le lac et la façon dont le coup de pistolet a été donné l'ont atténuée. Bien sur quelques coups sont distribués par-ci par-là, mais rien de bien méchant me concernant. Je pose très vite mon crawl et m'oriente parfaitement. Ma trajectoire est (pour une fois) optimale et j'atteins assez vite le virage initial.
Je prends alors le temps de faire rentrer de l'eau dans ma combi. J'avais testé çà dans la semaine et j'y trouve deux gros avantages : L'eau fraiche qui s'engouffre me fait du bien et la sensation de compression est très nettement atténuée. Un bon plan. Arrivé à la seconde bouée, je vois que les premiers sont déjà sortis, mais aussi qu'il y a beaucoup de monde encore derrière moi.
L'ultime ligne droite qui me mène vers la plage est plus compliquée. J'ai un petit coup de moins bien et je dérive un peu hors de la meute. Rien de bien grave toutefois. Mon crawl reste en effet posé, avec une respiration tous les deux mouvements. En approchant du rivage, j'ai la sensation d'avoir bien moins pioché aujourd'hui que sur les 750 mètres en mer d'Argelès. J'en suis ravi.
La sortie de l'eau est toujours un grand moment au Salagou, superbement mis en scène par l'organisation (boudins, oriflammes, tapis, musique...). La foule massé derrière les barrières donne des frissons. L'ambiance est électrique sur le long chemin qui mène jusqu'à l'entrée du parc à vélos.
J'ai parcouru les1200 mètres de natation en 20:36. Je suis dans la première moitié du classement puisque 251ème chrono sur les 521 qui seront enregistrés. Une excellente performance pour une enclume, d'autant plus que je ne me suis pas mis dans le rouge.
Grâce au repère visuel de l'enceinte, conforté par le sac fluo que les arbitres n'ont pas retiré, je trouve très facilement mon emplacement. Le PAV est en pleine effervescence, mais la grande largeur des allées le rend plutôt fluide. La file des relayeurs cyclistes qui attendent leurs nageurs est assez impressionnante.
Sur format M, on n'est pas à la minute. Je prends donc le temps de m'essuyer les pieds et de mettre comme il faut mes chaussures, sans toutefois opter pour les chaussettes. Le porte-dossard en place, les lunettes et le casque sur la tête, je décroche mon bolide et file vers la sortie. Nous contournons tout le parc dans l'autre sens cette fois. Je n'ai jamais été à l'aise pour galoper en poussant le vélo, alors que certains semblent pouvoir le faire en le tenant d'un doigt...
Cette transition initiale a été chronométrée en 1:56. A titre de comparaison, les meilleurs tournent autour de 50 secondes. Je reste toutefois dans une excellente moyenne. C'est donc parti pour 40 bornes de bicylette ! Et des les premiers tours de roues, la chaleur au-dessus du bitume s'avère étouffante.
D'entrée de jeu, le tracé nous fait remonter vers la localité de Liausson. Beaucoup tirent déjà la langue et montent au ralenti. Même si mes cuisses brûlent un peu, je sais que nous n'en avons que pour deux petits kilomètres et je m'accroche. Une fois passé le charmant petit village perché, j'enclenche la vitesse de croisière pour parcourir les dix bornes plutôt roulantes qui vont nous mener vers la grosse bosse de la journée.
Sur cette longue portion plutôt plate, je me fais doubler par pas mal d'avions et je reprends également de nombreux bons nageurs, moins à l'aise sur les pédales. C'est le jeu du triathlon. Même si le drafting est interdit et que les arbitres veillent au grain, des groupes se forment et je trouve que les coureurs y jouent plutôt bien le jeu en essayant d'éviter de prendre les roues et les aspirations. Cela donne des formations un peu surprenantes de gars bien espacés qui restent ensemble pour se donner le tempo.
Histoire de ne pas peiner seul, je fais l'effort d'intégrer l'un de ces groupes. Il est visiblement composé d'une quinzaine de triathlètes confirmés, équipés de belles machines. Sur une courte descente, je manque de toucher l'un d'entre eux. J'ai du mal à le croire, mais il me semble qu'il avait sorti son téléphone... Un vieux briscard à côté de moi, voyant ma surprise, m'explique qu'il s'agissait de Bertrand Billard, double champion du monde de tri longue distance ! Il est sur le M en repérage pour le format L qu'il remportera le lendemain. C'est énorme et c'est aussi çà que j'adore dans ce sport : Une pompe à vélo comme moi peut cotoyer une vedette comme lui :)
Dès que la montée vers Brenas commence, je me mets à mon rythme. Les groupes se disloquent en fonction des niveaux. Mon coup de pédale est correct, mais le manque d'air et la chaleur sont terribles pour l'organisme. J'ai du mal à boire le contenu de ma gourde. L'eau y est bouillante et donc bien dégueulasse. Je sais que le seul ravito du parcours est situé tout en haut. J'ai hâte.
Si elle ne comprend pas de pourcentages terribles, l'ascension est régulière et en plein soleil. Je n'avance pas vite, mais certains sont à l'arrêt. Je reprends plusieurs membres du VO2, que j'encourage bien entendu au passage. Plusieurs rois de la grimpette me doublent également avec une facilité déconcertante. Le moral en prend un coup.
Après avoir avalé un gel, c'est complètement assoiffé et la bouche pâteuse, que j'arrive enfin à Brenas. Je commets alors deux erreurs sur le ravitaillement : Je ne prends qu'une gourde, et je la vide en quelques minutes. Boire de l'eau fraiche est un vrai bonheur. Et avec la fatigue, difficile d'être lucide et d'y aller doucement.
En me lançant dans la descente, je pensais que le plus dur était derrière moi. Je n'avais pas étudié le tracé avant la course et je l'ai payé cher, car un nouveau mur d'un kilomètre environ s'est très vite présenté à nous. Et là...soupe à la grimace et jambes en vrac. C'est donc au ralenti que j'ai atteint le point culminant du parcours, pour entamer la véritable descente.
Comme à mon habitude, c'est crispé et debout sur les freins que j'ai abordé les passages techniques. Plusieurs flèches m'y sont passées devant. J'ai cherché à m'inspirer de leurs trajectoires, mais quand on n'est pas un pilote....y a rien à faire. De retour sur le plat, j'ai plutôt bien géré les 10 derniers kilomètres, même si la bosse de Liausson m'a une nouvelle fois fait mal. Seul hic, le manque d'eau. Ma gourde trop vite vidée, j'ai terminé la boucle sans pouvoir m'hydrater sous une chaleur insupportable et sans la moindre portion de route à l'ombre. Dur dur...
Le retour sur le site du triathlon est assez déstabilisant. Nous passons d'un effort quasi solitaire dans des paysages lunaires et silencieux, à une ambiance survoltée avec un DJ déchainé et des supporters fiévreux. Un sacré contraste. Ca crie de partout. Je suis ravi de descendre du vélo après avoir passé 1h36:42 dessus. Mal aux fesses et à la nuque pour un petit 24.8 km/h de moyenne.
Après une transition éclair, je prends le temps de boire un bon coup au ravito situé au sein même du PAV. J'entends grâce à la sono les interviews des meilleurs, qui viennent d'en finir. Ca pique. Au moment de sortir du parc, je tape dans la main de Julie, idéalement placée, un peu à l'écart du tourbillon derrière une barrière. Elle commence à maitriser le truc et savoir trouver les bons emplacements ;)
Elle me dira plus tard m'avoir trouvé plutôt frais à ce moment-là, après deux heures d'efforts en plein cagnard. C'est aussi mon ressenti. Pourtant quelques centaines de mètres plus loin, j'explose en vol. Gonflé de liquide, mon ventre me fait mal. Je sens que mes intestins ont également dégusté et que je pourrais bien me vider, dans un sens comme dans l'autre. Je décide de marcher un peu pour voir si çà passe.
J'ai des suées et les nausées sont de plus en plus présentes. J'alterne course au ralenti et marche jusqu'au premier ravitaillement, situé après seulement 3,5 bornes. Jean-Noël me rattrape juste avant. Il m'avoue beaucoup souffrir également. Je le laisse filer en lui souhaitant bonne chance pour la fin. Je tente de manger une orange qui ne passe pas, et de boire un peu de coca avant de repartir. La tête d'une bénévole qui m'observe en dit long sur mon état. Quelques minutes plus loin, je m'écarte du sentier pour vomir. Pas glop...
Puisqu'il faut bien rentrer je reprends le chemin, me faisant dépasser par bon nombre de concurrents, dont beaucoup de VO2 ou de connaissances qui m'encouragent comme ils peuvent. Merci à tous ceux qui m'ont proposé de m'accrocher à leur foulée, mais j'en étais incapable. Une seconde régurgitation juste après le dernier ravitaillement m'achève. Je suis cuit.
Je décroche donc mon dossard et rejoins le village en coupant par la plage. J'aurais pu terminer en marchant jusqu'à la ligne, mais je n'en ai pas eu envie. Pas comme çà. Je retrouve Julie, qui commençait à s'inquiéter sérieusement de ne pas me voir arriver. Elle m'accompagne à la tente de la Croix Rouge, mais les secouristes ne pourront pas grand chose pour moi. Ce n'est qu'après un ultime vomissement, une petite heure plus tard, que mes intestins retrouvent un peu la paix et que nous sommes en mesure de rentrer.
Bon...ben voilà....après deux tiers de course très encourageants, mon corps m'a lâché. J'ai du mal à en analyser les causes, même à froid. La chaleur est certainement un facteur important, mais je penche en priorité sur l'alimentation et l'hydratation, avant et pendant la course. J'ai toujours eu du mal à gérer les repas précédent une course programmée en fin de journée. Et je pense avoir bu en trop grosses quantités et pas assez fréquemment sur une partie vélo où je n'ai rien avalé de sucré hormis un gel.
Ce premier tri au format M se solde donc par un échec. Il y avait peut-être plus facile pour commencer. Les conditions étaient rudes et je suis loin d'être le seul à avoir été mal comme çà. Il me faut désormais récupérer physiquement et moralement avant de me fixer un nouvel objectif. Me connaissant, je devrais très vite accrocher un nouveau dossard.... Le mal par le mal ;)
Je ne peux terminer sans remercier ma belle pour son soutien et sa patience. Les accompagnants ont eux aussi morflé sous cette chaleur.
Bravo également à tous les bénévoles présents sur le parcours pour leur courage et leur bonne humeur. Le cadre du Salagou est exceptionnel et la qualité de l'organisation du MAT est fantastique. C'était nickel.
Félicitations une fois de plus à Thierry Sourbier (OnlineTri) pour ses magnifiques photos. Je suis passé devant lui à plusieurs reprises, en vélo et à pied, mais je ne figure pas dans son album cette année. Dommage, çà aurait été une belle consolation...
Voici la première vidéo (très courte) mélangeant des images de toutes les courses, en attendant l'officielle :
Malgré un parcours vélo contre-nature pour moi, je ne pouvais passer à côté d'un triathlon organisé sur Argelès-sur-Mer, destination estivale privilégiée de mon enfance. Quelle étrange sensation de souffrir autant dans un lieu exclusivement associé au plaisir dans mon esprit, le tout, et c'est une grande première, devant ma petite famille...
Les distances : 750 mètres de natation, 20 kilomètres de vélo et 5 bornes de course à pied.
Le compte-rendu :
Profitant du fait que mon père habite à l'année sur Argelès même, nous avons pris nos quartiers en Roussillon dès le samedi, veille de la course, avec Jérôme, nos moitiés respectives et nos cinq marmots. Une journée plage, une reco rapide en voiture, un inévitable apéro/barbecue et une mauvaise nuit plus tard (ah... les joies de la paternité...), nous nous présentons sur le lieu des festivités. Le départ est programmé pour 11h45.
Même si ce tri s'annonce plutôt modeste sur le papier, l'organisation m'apparait tout de suite aux petits oignons. Les parkings sont en effet nombreux et proches, le sol du parc à vélos est recouvert de tapis, le balisage est parfaitement en place, les bénévoles sont en nombre et la sono bat son plein. Tout semble nickel. Et comme prévu, le cadre est magnifique avec une belle plage catalane, le massif des Albères en fond et la superbe promenade du front de mer, sur laquelle est positionnée l'arche d'arrivée.
C'est la première fois que je me présente sur un triathlon avec Julie et nos trois pépettes, et j'en suis du coup un peu perdu au début. J'ai du mal à lâcher ma petite troupe pour rentrer dans ma course. Je me résous tout de même à rejoindre Jérôme, en pleine installation dans le PAV, 3/4 d'heure avant le départ. Si l'un des préposés au tatouage maudit un instant l'huile répandue sur mes mollets, tout se passe tranquillement. Je prends place juste à côté de mon pote puisque le choix des emplacements est libre. Tip top.
Alors que nous achevons notre rituel d'avant-course et que nous filons poser nos sacs à la consigne, les premiers concurrents du M, partis à 9h, en terminent avec leur effroyable partie vélo. Je les observe un bon moment avec beaucoup d'admiration. De retour sur la plage, nous zappons le briefing. Moi pour profiter encore un peu des enfants jouant au bord de l'eau, Jéjé pour y plonger et enchainer quelques lignes droites. Il est déjà en combi, prêt à en découdre. Il faut que je me secoue un peu pour réaliser que je ne suis pas là uniquement pour faire des châteaux de sable.
11h35. La meute traverse la plage et les pingouins se jettent dans la mer pour un ultime dégourdissement. L'eau est annoncée à 17 degrès. Il fait super beau. Julie m'aide à fermer ma combinaison. Les trois jours de bringue en Bretagne du week-end précédent se font sentir sur l'embonpoint. Nous sommes 115 participants, plus les 61 de la course fédérale de D3. Les organisateurs ont choisi de nous mélanger. Le niveau sera donc plutôt relevé, sachant que des coureurs de D1 sont aussi venus se faire plaisir sur notre S Open.
Tout le monde a regagné le bord de l'eau à 11h45. Mon papa est lui en place sur la digue pour jouer les photographes. C'est la première fois qu'il assiste à un triathlon mais il trouve peu à peu ses repères. Je me positionne plein centre, au milieu du paquet, me disant qu'un bon lavage en machine va me réveiller. On entend à peine le signal du départ, mais les plus motivés partent comme des fusées. Contrairement à chez nous, on ne peut ici marcher que deux petits mètres avant de ne plus avoir pied. Dès mes premiers mouvements de crawl, je comprends que je vais manquer de gaz. Tout raplapla...
Je me bagarre juste pour la forme avec quelques furieux avant de les laisser filer et de me caler en milieu de peloton. Il y a deux bouées à contourner par la droite. La seconde me parait loin. Trop loin. L'écrémage est déjà très net quand j'atteins la première. Je tourne en brasse et reste ainsi encore quelques mètres histoire de récupérer et de voir que les premiers sont déjà à des années-lumière.
Le temps passé à atteindre la seconde bouée me semble durer une éternité. Je me fais doubler par pas mal de bons nageurs, partis prudemment. Ce dernier maudit virage effectué, je cherche à envoyer du lourd sur 50 mètres, mais un p... de courant dévie ma trajectoire du mauvais côté. Je gaspille alors pas mal d'énergie pour réintégrer le paquet. De nouveau dans le coup, je rigole un instant en voyant un gars à côté de moi aligner quelques longueurs sur le dos, surement pour se détendre un peu. Le pire c'est que je ne vais pas plus vite que lui en crawl. Pathétique...
Je fais un gros effort sur les 100 derniers mètres pour limiter la casse et atteindre le rivage. Les spectateurs forment une belle haie d'honneur dans laquelle je distingue rapidement notre petite troupe. Les encouragements font du bien, mais c'est dans le dur, avec la tête qui tourne, que j'entre dans le PAV. Comme à la Grande-Motte, il me faut un petit moment pour retrouver mon emplacement. Je vais réfléchir pour les prochaines courses à une sorte de balisage (fluo ?) parce que çà devient problématique cette histoire.
Le reste de la transition se passe très bien. Jérôme arrive au moment où je décroche mon vélo pour filer. Il a lui aussi eu du mal sur la natation et a préféré gérer son truc tranquillement. Les allées du parc étant plutôt étroites, je dois slalomer entre les concurrents assis ou accroupis, en poussant mon fidèle destrier. Pas évident. Je suis crédité du 52ème chrono sur - je pense - la natation et T1 en 18:33. Une place dans la première moitié du classement Open très surprenante compte tenu de ma prestation aquatique. Tant mieux.
C'est donc parti pour les 20 bornes les plus difficiles de ma jeune expérience du triple effort ! Il est évident que c'est un énorme avantage de connaitre par coeur le parcours. Je sais ainsi que même si la grimpette commence très vite, la pente ne sera dantesque que sur les trois ultimes kilomètres. Je me suis donc fixé l'objectif d'y arriver sur le grand plateau.
Dès les premiers contreforts qui mènent à Collioure, bon nombre de coureurs montent à l'économie pour en garder sous le coude. Anticipant une petite descente qui me permettra de récupérer du kérosène, je double pas mal de féminines et de concurrents un peu paniqués. Seuls quelques avions de chasse me dépassent. Jérôme en fait bien sur partie. Il me reprend juste avant d'entrer dans ce magnifique village. Mon Jéjé est chaud bouillant et se tire la bourre avec un autre excité, qu'il fera exploser plus loin. Je me cale un temps derrière eux, avant de rendre les armes, pour ne pas me mettre dans le rouge.
C'est donc tout seul que je sors de Collioure, motivé par les très nombreux bénévoles, bien présents sur tous les croisements. Les choses sérieuses commencent. Le passage devant l'ermitage de Consolation indique le début des lacets aux rudes pourcentages. Je double alors l'unique autre représentante du VO2 (sortie 11ème de l'eau !!) en lui glissant quelques mots d'encouragement.
La grimpette en plein soleil est franchement ardue. D'autant plus qu'il faut serrer à l'intérieur dans les virages pour ne pas gêner ceux qui, de plus en plus nombreux, commencent à redescendre. La chaleur sur le bitume est étouffante. On se croirait en plein mois de juillet ! Je monte à mon rythme, et croise Jérôme à un gros lacet du sommet. Il me semble bien, dans son élément, puisque prenant le temps de me crier une ânerie.
Même si je ne suis pas trop entamé, on ne va pas se mentir, je suis ravi d'atteindre le point de demi-tour (photo ci-dessus). Par contre quelle déception de ne pas y trouver de ravitaillement en eau. Plutôt limite quand même... S'en suis une descente très stressante pour un mauvais pilote comme moi. Plusieurs coureurs que j'ai repris dans l'ascension m'y déposent et me sèment avec une facilité déconcertante. Moi j'ai mal aux doigts à force de freiner...
Heureusement pour mon moral, ce tracé en aller-retour me permet de constater qu'il y a quand même encore pas mal de monde derrière. De quoi me rebooster suffisamment pour relancer gaiement sur les ultimes kilomètres et le retour au plat. J'arrive ainsi en solo dans le PAV après 54 minutes d'effort (57ème chrono). On doit être au plus deux ou trois gars en pleine transition. Un mélange d'excitation et de calme. Assez étrange comme feeling.
Mon changement de chaussures se passe idéalement et deux évènements me font du bien alors que j'entame la course à pied : Les encouragements de notre jolie troupe (presque la larme à l'oeil au son d'un "allez papa !") et la présence d'un ravito liquide. Mais une fois le coup de fouet de ce double bonheur passé, je commence à sérieusement piocher.
Les 5 bornes parcourus sur la très belle promenade du bord de mer sont en plein soleil et en ligne droite. Le moral et la vitesse chutent au fur et à mesure que l'énergie vient à manquer. Très lourd sur mes appuis, je plafonne autour des 11 km/h. Bien moins performant qu'à la Grande-Motte. Cela s'explique certainement par la chaleur et l'exigence de la partie cycliste.
Deux gobelets de coca avalés lors du demi-tour ombragé n'y font rien. Même si je dépasse quand même sur la fin quelques triathlètes en difficulté, c'est avec beaucoup de peine que j'en termine, en 25'34 (T2 + CAP / 71ème chrono), malgré le soutien précieux de nos supporters. Il me faut quelques minutes et beaucoup de câlins pour récupérer. Au final je suis très satisfait de ma 57ème place, sur 115 participants, en 1h39:42. Pile au milieu du classement. Mon Jéjé finit lui 36ème en me prenant 10 minutes. Très fort le bougre !
Ce triathlon a été un grand bonheur pour moi. Parce qu'il est très bien organisé, parce qu'il se situe dans un lieu enchanteur, parce que je n'ai finalement pas explosé....et surtout parce que je l'ai partagé avec ma petite famille, celle de Jérôme et mon papa. Trop bien ! J'en serai l'an prochain...
Un grand bravo aux organisateurs et bénévoles du Tri Catalan pour leur investissement et leur bonne humeur. Même ceux qui ont passé plusieurs heures à contrôler la circulation en plein soleil n'ont pas manqué de nous lancer des mots sympas et de beaux sourires. La grande classe.
Et merci bien sur à ma Julie pour m'avoir permis de bénéficier du soutien enchanteur de notre tribu, et à mon papa pour ses très belles photos et son accueil.
J'ai maintenant une semaine pour récupérer et m'attaquer à un sacré défi : Mon premier tri au format M, programmé le 6 juin, dans et autour du lac du Salagou. Je pars donc immédiatement pour deux jours en stage de récupération à Port Aventura avec ma grande fille ;)
Edit du 17 juin 2015 :
La vidéo officielle de l'épreuve a été publiée. Elle très belle.
Enfin de retour sur ce blog, après sept mois d'une bien trop longue intersaison, pour y poster le récit du triathlon de la Grande-Motte, le premier de ma cuvée 2015 !
Les distances : 750 mètres de natation, 19,2 bornes de vélo et 5 kilomètres à de course à pied
Etat physique de la bête :
Comme évoqué après Labège, j'ai rejoint dès le mois d'octobre le club du VO2. Cette structure à la dimension familiale et à l'approche non élitiste m'a tout de suite plu. Malheureusement, je n'ai pu prendre part depuis qu'à une quinzaine de séances de natation et à deux sorties vélo. Un bilan bien maigre...et donc un effet très limité sur mon (faible) niveau. La faute à un emploi du temps professionnel surchargé, mais aussi - il faut bien le reconnaitre - à mon approche "feignastique" de la chose.
Du coup mon volume d'entrainement hivernal a été très majoritairement constitué de sorties courtes le midi en semaine pendant la pause déjeuner. Histoire de rallonger un peu, j'ai également pris part à une belle tripotée de courses et trails les week-ends. C'est idiot d'avoir besoin d'un dossard pour se bouger...mais je suis comme çà. C'est peut-être lié à cette tension nerveuse qui règne les minutes précédant le départ. Elle me rappelle l'ambiance d'un vestiaire de foot avant un match. Un truc difficile à décrire, mais plutôt ennivrant...et donc motivant.
Une blessure au genou, aussi vilaine qu'énigmatique, est de plus venue perturber la montée en charge de ma préparation au mois de février. Une sacrée tuile, mais en étant positif je retiendrais que j'ai alors pu spécifiquement travailler le vélo et la natation, la course à pied m'étant proscrite pendant plus d'un mois. Cela m'a notamment incité à disputer ma première cyclosportive (L'Héraultaise - 93 km avec le fameux Col du vent), escorté par un Jérôme en mode sherpa bienveillant.
Tout çà pour en venir au fait qu'avec moins de trois heures d'entrainement hebdomadaire en moyenne, je suis loin d'avoir franchi un palier physique par rapport à l'an passé. Je pense par contre avoir un peu progressé techniquement sur mon crawl et pris de l'assurance sur le vélo. La pratique régulière, même sur séances courtes, de la natation semble aussi avoir un peu développé le haut de mon corps. Mais rien de transcendant dans tout çà.
Sachant que la saison du barbecue et de la bière démarre en trombe, inutile de prendre mon poids actuel comme un repère pour la suite. C'est donc dans une condition loin d'être optimale, mais avec l'enthousiasme d'un chiot courant derrière sa première voiture, que j'aborde cette nouvelle saison si prometteuse.
Evolution de mon matériel :
Royal au bar, j'ai offert à mon bon vieux Look un véritable guidon de triathlète et deux pneus Vittoria Pro recommandés par Jérôme. Moins fins que les standards actuels (25mm contre 23), ils sont plus rassurants pour le pilote pathétique que je suis (surtout en descente) et leur aspect super costaud ne peut que faire du bien à un névrosé de la crevaison comme moi. Seul l'arrière est monté sur la photo ci-dessous.
Le récit :
La nouvelle est officielle depuis quelques jours. En raison du pic de circulation prévu ce dimanche 10 mai, le départ de l'épreuve principale de ce triathlon de la Grande-Motte a été avancé à 8h30. Souhaitant être sur place 45 bonnes minutes avant, nous décollons de la maison vers 7h avec Julie, qui me fait le plaisir de m'accompagner au détriment d'une appréciable grasse matinée.
Aucun souci de trajet ni de parking. La station balnéaire préférée des Lyonnais est encore bien calme au mois de mai. Le retrait du dossard se passe tranquillement. C'est mon premier tri en tant que licencié FFTRI. Le cadeau des organisateurs est sympa. C'est un tapis noir de bonne qualité. Toujours utile pour étaler ses affaires.
Tatoué et casqué, je passe sans encombre le contrôle des arbitres pour entrer dans le parc. Mon emplacement se situe dans une allée sur herbe, comme pour la grande majorité des concurrents. Je place ma monture en équilibre, pose mes sacs et fait un rapide tour d'horizon dans le but de repérer Jean-Noël, un collègue de boulot anciennement adepte du triple-effort, qui a décidé de s'y remettre tranquillement cette année. Ne le trouvant pas, je commence à préparer mon bazar, avant de le voir venir s'installer tout juste à côté de moi. Un truc assez dingue. Sur 360 dossards distribués, nous retrouvons avec deux numéros qui se suivent, et donc l'un à côté de l'autre dans le PAV. De quoi commencer le truc avec la banane.
Parfaitement dans les temps, nous nous équipons en toute décontraction. Je lui montre ainsi ma nouvelle trifonction, aux couleurs du VO2, qui me boudine un peu. Espérons que je perde un peu au fil de la saison....ou qu'elle se détende au fil des lavages :)
Un bisou à Julie, un briefing écouté d'une oreille tout en bavassant et nous nous retrouvons sur la plage. Je ferme alors le haut de ma combi, tandis que d'autres cuisent dans la leur depuis un bon moment. C'est le métier qui rentre. Je m'accroupis vite faire pour me mouiller et constater que la mer est bien fraiche. 17°C sont annoncés au micro. Ca risque de piquer un peu au début. Je retrouve dans l'eau tout un tas de gars de mon club. Ils me reconnaissent et me saluent malgré le bonnet, les lunettes....et le peu de fois où ils m'ont vu aux entrainements. Ca fait plaisir.
Le temps d'aligner toute la meute sur le bord de plage et les organisateurs donnent le départ. Plein centre, je laisse filer les fusées et démarre juste derrière elles. S'en suivent 50 mètres de grand n'importe quoi où tout le monde hésite entre courir et nager, et alterne du coup les deux. La machine à laver tourne à plein régime. Même une fois que nous n'avons plus pied il est très compliqué de poser sa nage. La première bouée, à contourner en angle droit, arrive trop vite. L'écrémage n'est pas encore fait et çà frotte méchamment dans le virage. Les coups pleuvent.
S'en suit une longue ligne droite le long de la grande digue, sur laquelle pas mal de spectateurs ont pris place. Et même là, je perds beaucoup d'énergie pour me frayer un chemin et résister à quelques concurrents trop câlins. Malgré deux-trois baffes, mes lunettes restent bien en place et étanches. Ce n'est qu'à environ 150 mètres de la deuxième bouée que les choses se tassent. Je peux enfin nager correctement, mais fatigué par la lutte et un peu comprimé dans la combi, pas moyen de faire autre chose que du "deux temps" au niveau de la respiration.
L'ultime virage réalisé, il ne nous reste plus qu'à atteindre la zone où l'on a pied. J'y marche quelques mètres en enlevant le haut de ma combi et me mets à courir pour atteindre la plage. Il y a encore bien 150 mètres à parcourir jusqu'au parc. Encouragé par des gens du VO2, Jérôme et sa petite famille, je parcours la distance d'un bon pas et rentre gaiement dans mon allée. Malheureusement, comme cela m'est déjà arrivé par le passé, je m'y paume...
Il me faut en effet bien trente secondes et quelques allers-retours pour trouver mon emplacement. Le reste de la transition se passe à merveille. La combinaison est vite enlevée, les chaussures de vélo rapidement enfilées, et je ressors en trombe du PAV, mon fidèle destrier à la main, le casque et le dossard bien en place. Le chronométreur de la course va connaitre pas mal de soucis sur les temps intermédiaires. Comme beaucoup d'autres porteurs de puces, je n'aurai pas au final mes temps de natation et vélo. Je pense cependant avoir quitté cette première transition autour de la 140ème place.
Le parcours vélo a été bouleversé ces derniers jours sur demande des autorités. Alors qu'il prévoyait initialement d'aller jusqu'à Aigues-Mortes, il a été raboté en deux boucles de 9 kilomètres environ (moins selon pas mal de monde) entre la Grande-Motte et Le Grau du Roi. Je fais l'intégralité de la première tout seul, doublant quelques féminines et me faisant doubler par quelques avions de chasse. Plus j'avance et plus je croise des paquets de coureurs. Le drafting est officiellement interdit, mais le réglement n'est à priori pas appliqué à la lettre. Je croise Jean-Noël peu de temps après mon demi-tour. Il n'est pas très loin derrière.
Je suis repris par un groupe d'une demi-douzaine de gars à l'entame de ma seconde boucle. Deux collègues du club sont présents. En évitant au maximum de me mettre à l'abri, je me cale un temps à leur vitesse et me repositionne ensuite très vite en tête de la bande. Nous sommes deux-trois à donner le tempo, l'un à côté de l'autre, et je suis à bloc. Les cuisses chauffent. Mon compteur étant HS je n'ai pas la vitesse, mais on doit envoyer du pâté sur ce tracé tout plat. Quelques bonhommes sucent joyeusement nos roues. Si c'est leur truc...çà ne me gène pas.
Nous rejoignons la zone de fin de vélo tous ensemble. Je songe de plus en plus à utiliser la technique qui consite à laisser les chaussures sur les pédales en déchaussant sur les derniers hectomètres du parcours. Parce que courir la centaine de mètres qui me conduit à mon emplacement avec les plaques c'est inconfortable et même dangereux. Le sol étant mouillé, la glissade n'est jamais loin. A étudier...
J'arrive toutefois sans encombre dans le PAV et trouve ma place plus facilement cette fois. J'accroche le vélo, je pose le casque et change de chaussures assez vite. Une nouvelle excellente transition. J'entame la course à pied en buvant dans une gourde, que je jette vers Julie et les enfants de Jérôme. Leurs encouragements sont à croquer.
Très vite rattrapé par les deux collègues du VO2 avec qui j'ai roulé la dernière boucle, je les encourage et les regarde filer à grande enjambées. Ce sont deux excellents coureurs. L'un d'eux va même remonter 45 places sur l'exercice ! Vu que j'ai souvent l'an dernier explosé en CAP, j'ai choisi cette fois de partir tranquillement et de gérer mon business.
Au bout de quelques dizaines de mètres je croise les trois hommes de tête que j'applaudis. J'adore l'attitude de Pierre Dorez, troisième, qui retourne les félicitations avec un énorme sourire. Je me sens plutôt bien et j'accélère au fil des kilomètres. Seul bémol, j'ai trop serré mes lacets automatiques sur le pied gauche et ce dernier me fait mal. Comme un bleu, je les ai placés la veille de la course sans les tester...
Ce qui est super sympa sur la distance Sprint et ce type de parcours ou l'aller et le retour se font sur le même chemin, c'est que l'on croise pratiquement tous les concurrents, qu'ils soient devant ou derrière soi. Je tape dans la main ou échange des encouragements avec de nombreux gars du club ou des connaissances. Ca booste. J'achève la course à pied en 24'04, avec une moyenne proche de 12,5 km/h. C'est certainement ma meilleure performance sur un S. Mais plus que le chrono, c'est mon état physique qui me fait plaisir. Je ne suis en effet pas du tout cramé, au niveau du moteur comme au niveau musculaire. Et mon genou a tenu le choc sans broncher. C'est nickel !
Le premier tri de la saison est donc bouclé en 1h13:53. Ce temps, bien plus rapide que ceux de mes S disputés en 2014, ne pourra pas me servir de référence pour la suite, avec un parcours vélo tout plat et tronqué, ainsi qu'une natation atypique. Je suis pile poil au milieu du classement, 158ème sur 316 finishers. C'est pas mal du tout. L'organisation du GMT a elle été fidèle à elle-même. Cette épreuve familiale a ainsi encore été organisée chaleureusement par ses bénévoles et s'avère idéale pour démarrer. Bien entendu les puristes regretteront les couacs du chronométrage et le manque d'arbitres pour lutter contre le drafting...
Mes sensations ont été excellentes et les réflexes, notamment sur les transitions, sont vite revenus. Et le plus important : Je me suis régalé. Le prochain rendez-vous programmé ressemble à un gros challenge pour moi. C'est le S d'Argelès-sur-Mer qui aura lieu le 31 mai. Connaissant très bien la région, je sais en effet à quel point les 20 bornes au-dessus de Collioure seront difficiles pour mes grosses cuisses. Nous avons décidé avec Julie de nous y rendre pour le WE en famille, avec nos trois pépettes. C'est une grande première. Jérôme, qui ne 'est pas inscrit à temps pour le tri S de la Grande-Motte, vite complet, viendra également avec les siens. Ca promet...
Merci à ma Julie et aux amis du VO2 pour les photos !!
Post-Scriptum :
Juste quelques lignes de plus au sujet de ce blog. Je l'ai ouvert l'an passé dans le but de décomplexer les sportifs du dimanche, épicuriens comme moi, qui hésiteraient à franchir le pas, en relatant avec autodérision mon expérience et mes anecdotes de débutant sans autre ambition que le plaisir. Les statistiques de Canalblog me permettent de voir avec quels mots clés vous êtes très nombreux à accéder, via Google, aux différents billets. Et comme la plupart d'entre eux font partie du lexique du triathlète novice qui se renseignerait sur la façon de s'initier à ce formidable sport, sur le matériel nécessaire pour commencer ou sur les courses du coin pour débuter.....je suis comblé.
Personnellement je n'ai pas hésité à poser des questions, parfois certainement idiotes, à des pratiquants avant de me lancer. Alors n'hésitez pas à m'en envoyer, par messages privés ou en partageant vos commentaires sur les articles. Je vous répondrai avec grand plaisir ;)
Edit du 26 juin 2015 :
Voici une très belle vidéo sur ce tri. On m'y voit (à 2:45) mener mon groupe cycliste avec ma tri-fonction au dos de couleur turquoise :)
Voici le récit de l’ultime triathlon de ma saison 2014, disputé sur Labège (31) le 14 septembre dernier. Si j’ai tant trainé avant de le publier, c’est que j’attendais la mise en ligne des photos de l’épreuve par les organisateurs du Sud Tri performance pour l’illustrer. Malheureusement, sur plus de 600 (très beaux) clichés disponibles, aucun ne me montre en action…
Les distances : 750 mètres de natation, 20 kilomètres de vélo et 5 bornes de course à pied.
Le compte-rendu :
Décidé à faire l’aller-retour dans la journée, c’est uniquement accompagné de Jérôme, enfin prêt à disputer son premier triathlon S, que j’ai prévu de rejoindre la banlieue toulousaine. Julie, ma supportrice et photographe attitrée, a bien mérité une grasse matinée en cette période tumultueuse de rentrée scolaire.
C’est donc sous la forme d’une virée matinale entre potes que débute cette belle journée de dimanche. Réveil à 5h30, arrivée de Jérôme à 6h00, chargement de la voiture et départ dans la foulée. Nous papotons comme des nanas tout le long du trajet et les deux grosses heures de route passent ainsi super vite.
Physiquement je me sens bien mieux que dans le Ségala quinze jours plus tôt. Mon corps semble enfin avoir digéré la reprise des séances et j’appréhende toujours beaucoup mieux les courses programmée en début de journée. Fidèle à ma conception « feignastique » du tri, j’ai tout de même copieusement arrosé mon anniversaire la veille. La digestion de cet excès (bien justifié) est donc la seule inconnue.
Nous atteignons le lac de l’Innopole à environ 8h15. Le départ de la course étant prévu pour 10h, nous sommes larges. Je suis très surpris par le lieu. Habitué à des triathlons plutôt champêtres, çà me fait bizarre de découvrir ce joli plan d’eau entouré d’immeubles et de voies rapides. Nous sommes en milieu urbain, au centre d’une zone d’activité dédiée aux services, logiquement déserte le week-end. C’est du coup facile d’accès, très pratique pour se garer et bien calme. Pas mal du tout…
La bénévole qui me remet l’enveloppe du dossard m’annonce fièrement que nous sommes plus de 300 concurrents inscrits sur la distance S. Ce sera donc ma plus grosse épreuve en nombre de participants. La sono répète même en boucle que beaucoup d’athlètes sont inscrits sur liste d’attente. C’est dingue.
Ce côté « grosse course » contraste un peu avec le contenu de la fameuse enveloppe. Pas de traditionnel cadeau - bon çà je m’en fiche un peu - mais surtout pas de puce de chronométrage. J’en avais pourtant toujours eu jusque là, même sur les XS. L’organisation a à priori opté pour une méthode à l’ancienne avec enregistrement des temps de passage à l’annonce du numéro de dossard par le speaker.
Le parc à vélos ouvre ses portes comme prévu autour de 9h. Mais 300 concurrents qui se présentent devant l’unique entrée, avec tatouage des numéros et contrôle des arbitres, çà forme un bel entonnoir. Heureusement pour nous, Jérôme et moi étions parmi les premiers de la file. Du coup nous sommes rentrés assez rapidement. Certains n’ont pas notre chance et vont poireauter un bon moment, forçant les organisateurs à décaler le départ d’un bon quart d’heure.
L’ambiance est super détendue et bon enfant. Nous discutons avec nos voisins d’emplacement, en échangeant divers conseils et sensations. Jérôme est chaud bouillant. Il est fin prêt en quelques minutes et part s’échauffer, tandis que je prends moi le temps de m’installer tranquilou, puis d’enfiler une paire de lacets automatiques Xtenex sur mes nouvelles chaussures.
9h45. La température de l’eau étant de 23°C, les combinaisons sont autorisées. Ouf…à un degré près on devait s’en passer. J’enfile donc la mienne et je file rejoindre Jérôme pour un petit test dans l’eau. Elle est effectivement très bonne. C’est top. Le temps de faire quelques mouvements et nous sommes convoqués sur la berge pour le briefing.
Là aussi, vu le monde présent, il est difficile de s’approcher des orateurs pour entendre correctement les consignes. Du coup je m’en fais répéter les grandes lignes par l’un des organisateurs proche du plan d’eau.
10h00. Le départ se fera de l’autre côté du lac, dans une sorte de renfoncement. Pas mal de participants choisissent de s’y rendre à la nage en guise d’échauffement. Je décide de faire pareil. Pas une très grande idée puisque j’arrive de l’autre côté un peu cramé. Mais par chance, je vais pouvoir récupérer le temps que tout le monde arrive et que parte la vague des féminines.
Petite nouveauté pour moi, nous partons directement dans la flotte, sans courir sur le rivage. Et sans avoir pied. Le temps de souhaiter bonne chance à mon Jéjé, de positionner mes lunettes….et la sirène retentit. C’est parti ! La meute se met en route.
L’objectif est de contourner une presqu’ile, d’aller faire le tour d’une bouée tout au fond du lac et de revenir vers le PAV. Nous démarrons courageusement en première ligne, mais un peu à droite des plus furieux. La bagarre est finalement assez soft. Juste quelques prises de position un peu musclées. Rien de bien méchant. Certainement un lien avec ce type de départ immergé.
Je perds Jérôme en me retrouvant coincé un long moment derrière trois gars au milieu desquels je peine à me faufiler. Je décide donc de modifier ma trajectoire pour les éviter. Je pose ensuite bien mon crawl, avec deux mouvements de brasses tous les 100 mètres environ pour me réorienter.
C’est en arrivant sur la bouée à contourner, à l’extrémité du lac, que je retrouve mon Jéjé. Je cherche à le chambrer un peu mais il reste hyper concentré et ne me calcule même pas ! Nous allons nager ensemble, dans le même tempo, quasiment jusqu’au bout. Comme nous respirons sur deux temps, mais chacun d’un côté différent, nous nous faisons face et nous nous entrainons. Un moment super sympa !!
Ce n’est que sur les 50 derniers mètres que je le lâche et que je sors de l’eau avant lui. Je suis super frais et presque frustré de ne pas avoir donné plus. Mes sensations étaient excellentes. J’arrive très vite à mon emplacement, vire ma combinaison et réalise une excellente transition, peu entamé, donc lucide et précis dans ma gestuelle. Lorsque je sors du parc à vélos, le speaker annonce mon dossard aux responsables du chronométrage. Je suis alors 132ème sur 303 (Natation + T1 en 16’33).
Aucun souci sur le début du vélo. Les 4-5 premiers kilomètres du parcours sont constitués d’une longue ligne droite bien plate et roulante. Seuls les gros moteurs équipés de montures haut de gamme me dépassent sur ce type de portion. Jérôme me rattrape lui juste avant d’attaquer la partie montante. Il envoie du bois sur son Scott tout neuf. Je prends mon gel et glisse cette fois le tube vide entre la trifonction et ma cuisse droite. Une astuce pratique et écologique donnée par d’autres triathlètes. C’est parfait.
Nous enchainons pendant 6-7 bornes les faux-plats montants et les bosses. Tout ce que j’aime… Bien entendu mon Jéjé me lâche très vite de façon irrémédiable. Moi je serre les dents et grimpe en force. Malheureusement je ne suis pas encore taillé pour rivaliser avec les purs cyclistes. Plusieurs me déposent avec une facilité déconcertante. Je ne double que de très gros gabarits et tout un tas de féminines dans le dur.
S’en suit une belle descente de 5 kilomètres dans laquelle je donne tout ce j’ai. Mon compteur frôle les 60 km/h, ce qui est un record pour moi, qui suis tout sauf un funambule. Je dépasse du coup quelques coureurs moins téméraires et me fais une énorme frayeur sur un dos-d’âne que je n’avais pas anticipé. Par miracle je reste sur le vélo, mais la fourche a bien dégusté sur l’impact. Mon compteur n’a lui pas survécu. Paix à son âme.
Le parcours se termine par la portion roulante du début. Nous sommes, il me semble, sur une départementale. J’ai encore des jambes et me mets ainsi à la planche sur le gros plateau, pour finir fort. En me retournant je m’aperçois que j’ai deux concurrents bien calés dans mon sillage, à l’abri derrière mes grosses fesses. Le drafting est pourtant prohibé. Pas bien grave.
Sur le dernier petit tronçon, on croise les meilleurs déjà en train courir sur le trottoir. Ca calme. Je vois juste Jérôme sortir du PAV lorsque je m’apprête à descendre de ma selle. Pas de problème sur cette ultime transition. Mon temps vélo + T2 est le 134ème (sur 303 en 47’47). Vu que je suis encore loin d’être à l’aise sur deux roues…c’est pas mal du tout !
Alors que je m’étais complètement effondré sur la CAP lors de ma dernière course, je suis là vite rassuré par mes sensations sur les 100 premiers mètres. Bien sur je commence à piocher, mais j’ai encore de la réserve. Je prends mon dernier gel dès le départ et me cale à une bonne allure.
La vitesse des cadors que je vois filer dans le sens inverse est bluffante. Je ne boxe pas dans la même catégorie. Le demi-tour de la boucle s’effectue autour d’une sorte de pâté de maisons, avec de jeunes bénévoles super sympas au ravitaillement.
Même si certains avions de chasse me dépassent, je reprends pas mal de gars à l’arrêt ou en difficulté sur le retour. C’est con…mais çà booste. Nous repassons devant le parc à vélos pour amorcer le dernier kilomètre, qui fait tout le tour du lac. Sympa….mais un peu long pour mes cuisses.
Je trouve toutefois les ressources nécessaires pour accélérer sur la fin et termine en trombe, ravi par mes sensations. Mon chrono de course à pied n’est que le 157ème. Mais bon…si la distance est bonne, j’ai couru à 12,6 km/h de moyenne, ce qui est très bien pour moi (23’11).
Pour la petite histoire j’ai été très déçu de lire sur l’écran un temps de 1h35 en franchissant la ligne finale. Mais après avoir repris des forces et mes esprits sur le très copieux ravito final, j’ai réalisé que ce chrono devait être basé sur le départ des féminines. Un arbitre me le confirme et me rend du coup le sourire. Je suis en fait crédité de la 136ème performance, en 1h28’31.
Je suis dans la première moitié du classement, ce qui était inespéré pour moi au départ à la vue des forces en présence. Et si ce résultat est très positif, c’est surtout au niveau du feeling que je suis comblé. J’ai encore pris un max de plaisir en souffrant nettement moins que dans le Ségala. Il me semble que je commence à bien digérer l’enchainement des trois disciplines. Mais la marge de progression reste bien entendu abyssale.
Je retrouve Jérôme dans la foule des finishers. Il est livide et m’avoue avoir eu du mal physiquement, avec notamment des nausées sur le vélo. Ca ne l’a pas empêché de décrocher une belle 110ème place en 1h25’56. Il me gratte près de trois minutes au final sur le vélo. Logique… Pour le reste on se tient. L’essentiel c’est qu’il s’est lui aussi éclaté et qu’il semble bien mordu comme moi !
Toujours attachés à tester les spécialités culinaires autour des lieux de course, nous nous arrêtons faire le plein de protéines au McDo du coin, avant de filer regagner nos pénates. Le trajet retour est aussi agréable que l’aller, puisque nous y revivons notre course en échangeant sur nos sensations et pistes d’améliorations futures.
Si ce n’est le côté un peu light du chronométrage, ce tri de Labège est parfaitement huilé. Les bénévoles sont nombreux, les parcours sont sympas, le lac est nickel et les ravitaillements sont au top. Ce que j’ai vraiment apprécié par dessus tout, c’est le côté détendu de l’organisation et l’ambiance presque feutrée malgré plus de 300 participants. Et c’est toujours un vrai régal pour un novice comme moi de prendre le départ à côté d’athlètes de très haut niveau. Le vainqueur, Anthony Costes, terminera quelques jours plus tard 9ème des championnats du monde longue distance. Rien que çà…
Anthony Costes (STP)
Ma première saison de triathlon se termine donc sur une excellente note en termes de sensations. Je pense avoir définitivement chopé le virus, avec une grosse envie de progresser dans un unique but : prendre du plaisir. C’est pourquoi j’ai décidé de rejoindre prochainement un club, le VO2 triathlon. Il m’a été recommandé pour son côté familial (une cinquantaine de membres) et sans prise de tête. Mon objectif principal sera de profiter des cours de natation pour améliorer sensiblement ma technique.
Point matériel :
Ma chérie m’a gâté pour mon anniversaire en m’emmenant acheter une paire de chaussures chez Endurance Shop. Le service est tout simplement fantastique dans cette boutique. Le gars a passé plus d’une demi-heure à m’écouter, à me faire essayer des modèles, à me regarder courir avec….pour au final m’orienter vers l’une des paires les moins chères qu’il avait en boutique ! Le top !
J’ai donc pu étrenner ma paire de Mizuno Wave Rider sur ce triathlon. Le hic c’est que j’ai oublié de suivre les conseils du vendeur et que je ne les ai pas talquées à l’intérieur. Et en les enfilant à T2 sur mes pieds nus et transpirants, j’ai un peu déplacé les semelles. Du coup le confort n’a pas été optimal sur ces 5 kilomètres.
Mais hormis ce petit accroc, ces pompes sont hyper confortables, adaptées à mon type de pied (supinateur) et bénéficiant d’une très belle accroche. Merci Julie :)
Est-il possible de faire du triathlon juste pour le plaisir, sans être un acharné de l'entrainement et sans hygiène de vie monastique ?
Ce blog devrait apporter un semblant de réponse, puisqu'il va relater ma modeste expérience de débutant.